Avec leur premier EP, réalisé avec l'aide de Flavien Berger, le duo Peur Bleue dévoile un univers aérien, onirique et sensible, en français dans le texte. Une bulle de douceur bienvenue en cette saison, à écouter sans modération.
Quentin et Jérémie sont chanteurs, auteurs et compositeurs. D'eux, on ne sait pas grand chose, si ce n'est qu'ils sont tous deux amateurs de musique classique, que Quentin a préféré continuer à pianoter sur son clavier et gratter sa basse plutôt que de poursuivre une carrière de chimiste, et que Jérémie, violoncelliste et claviériste, n'en est pas à son coup d'essai avec ce premier EP. Peur Bleue, c'est ainsi que cet opus se nomme, comme le duo que forment les deux acolytes. Un nom original qui accroche et convoque tout de suite une impression de froid et de grand frisson. La "peur bleue" est "une émotion forte qui accompagne la prise de conscience d'un grand danger". Quel est-il, ce danger qui fait pâlir les deux musiciens ?
Peur Bleue - (c) Nathanne Le Corre
Avec l'aide de Flavien Berger, étoile montante de l'électro-pop française, Peur Bleue a façonné six titres envolés, audacieux, mis leurs craintes au placard pour écrire des textes simples mais entêtants, des mélodies immédiates et des arrangements électro ciselés. Dès le premier titre, Ailleurs, le ton est donné : "Pour ceux qui sont partis très très loin / Je voudrais seulement chanter ce refrain / Qui ne me quitte pas"... Et en effet, il ne nous quitte plus.
Il ne faut pas chercher dans les paroles de Peur Bleue des rimes riches ou de la poésie complexe, plutôt l'évocation sincère et brute d'un sentiment (Malgré tout, Parle lui), d'un rêve (Ailleurs) ou d'un lieu (La Plage)... Avec une diction proche d'un Etienne Daho ou d'un Lescop, c'est finalement moins grâce aux mots que grâce aux notes que Peur Bleue surprend et séduit. C'est l'audace de poser un interlude au milieu du disque, de trouver des sonorités à la fois froides et belles et d'accorder le tout avec sensibilité. C'est ce travail sur les harmonies vocales, les chœurs aériens, la douceur du timbre et le cœur enfin, mis dans chaque production. Une belle entrée en matière qui annonce un premier album pour 2019. Alors, peur de quoi ?
