Mais où sont passées les neiges d'antan ?
Ecouter un album qu'on attend avec impatience est toujours un drôle d'exercice. Partagé entre le constat maussade que « c’était mieux avant », et la tranquillité de voir que finalement, peu de choses ont changé, on est souvent dubitatif. Comme si finalement, il fallait laisser couler un peu de temps. Comme s'il fallait rompre avec nos habitudes d'écoute pour laisser place à la nouveauté. Et surtout, surtout, renoncer à se fonder trop tôt un avis sur la question. C’est à ce moment-là que se tisse quelque chose. A ce moment-là qu'on est prêt à l'écouter - pour de bon.

« 7 » se révèle d'emblée plus sobre que les précédents albums. Moins de synthé, moins de paillettes : le graphisme en noir et blanc de la pochette annonce la couleur. Pourtant, Beach House cultive son identité onirique avec des titres qui entrelacent nappes d'orgues, voix éthérées et guitares saturées. A défaut de décortiquer tout l'album, quelques titres dessineront un sentiment d'écoute générale.
Un instant hypnotisant en regardant la vidéo de Dark Spring. Avec ce titre, Beach House livre un clip peuplé de fleurs sombres et de lumières floues qui rappellent les clichés de Robert Mapplethorpe. Un instant de surprise avec L’Inconnue. Dans ce morceau tout en jeux d'échos et dentelles synthétiques, Victoria Legrand essaime quelques paroles en français. Un hommage à ses origines ? Un instant d'extase avec le refrain de Drunk in L.A qui propulse dans des sphères musicales où les voix cristallines flirtent avec un jeu de guitare parfaitement maîtrisé. Un instant de plénitude avec Lose your smile, jolie balade au son moins saturé que les autres titres, qui laisse la part-belle à la voix et évoque un peu Walk in the park.