Délicieusement insolent, diablement élégant, le songwriter Baxter Dury se produisait le 21 octobre à la Maroquinerie. Accompagné de Fabienne Débarre des We Were Evergreen, Baxter Dury prouve qu'il n'a rien perdu de son humour, de son talent et de sa fantaisie : "it's a pleasure".
https://www.youtube.com/watch?v=OUfu_QmcSw0Costume tweed beige, barbe de trois jours, lumière tamisée et clope au bec. Baxter Dury s’est dispensé de sa clique pour les cinq dates prévues en France : « comme ça je gagnerai plus » explique t-il. L’ironie de l’Anglais fait écho à ses allusions au « Brexit » lancées au public : le ton est donné.
Il déroule son répertoire. Dès les premiers instants, on quitte la Maroquinerie pour se retrouver dans un univers psyché-pop indie-plage façon Dury. Claire, Isabel, Cocaïne man, Palm trees : là-bas, les vilaines Françaises qui lui ont brisé le cœur côtoient les pensées suicidaires et les palmiers. Et ce, toujours avec cet air flegme si cher aux Anglais. Avec Baxter, les rythmes hypnotiques et enjoués du synthé prennent le pas sur les pensées morbides. On est subjugués par sa voix cotonneuse qui compose sans cesse avec des rythmes simples et envoûtants. Il a une dégaine de crooner célibataire de la quarantaine :: la classe à la Dury. Très vite, on oublie ce qu’il nous dit. De toute façon son anglais cockney, lui seul le comprend. On s’oriente seulement avec les "fucks" lyriques qu’il utilise pour ponctuer ses couplets.
On l’imagine chanter dans les bars londoniens enfumés, là où les pintes vides s’accumulent sur de larges tables de bois. Impassible et saoul à souhait, il titube et brille sur scène. Soutenu par son micro, il déverse son flot de poésie monocorde et ses chansons sentent la cigarette et la bière. On le dirait tout droit sorti d’une de ses pochettes d’album. Il est à la fois cliché et authentique, spontané et réservé, froid et généreux : un showman à l’anglaise.
© Hugo Zusslin