Que ne vous est-il jamais arrivé de regretter ne pas être resté chez vous après une séance de film complètement gâchée ? L'expérience filmique en salles apporte son lot d'aléas plus ou moins variés et désagréables pour l'immersion. Voisins bruyants, téléphones allumés, entretien douteux, fauteuils inconfortables, autant de raisons qui poussent à préférer la VOD.
C'est du moins le constat de J.J. Abrams; lors d'une conférence au Milken Institute il revient sur sa dernière expérience en salles, qui lui a laissé un goût plutôt amer : "il y a une chaîne de cinémas qui déteste les films, j'en suis persuadé. Tu vas là-bas. Ils ne sont pas aimables. Il fait froid. Pas de musique. Les lumières s'éteignent dès que le film commence. Pas de cérémonial. Les fauteuils ne sont pas confortables. Tu es persuadé que quelqu'un se tient devant le projecteur. Et pendant ce temps, la plupart des spectateurs ont chez eux des télés qui ont une meilleur image que celle de la salle."
Les propos du réalisateur de Star Trek ou Star Wars : le Réveil de la Force, retransmis par Variety s'inscrivent dans le contexte du projet : The Screening Room, qui propose une expérience cinématographique à domicile. Abrams qui s'inscrit en faveur de celui-ci prédit la sortie simultanée des films en salles et en VOD : "Je comprends les réalités économiques du sujet, et ça fait mal. En même temps, si (les salles) ne jouent pas le jeu, vous feriez mieux de ne pas amener les gens au cinéma pour leur faire vivre ce genre d'expérience. Les gens veulent voir des films, et ne peuvent pas toujours aller au cinéma. Il semble que c'est une chose inévitable que les films deviennent disponibles en premium."
Les propos du cinéaste s'inscrivent dans un contexte ou l'accessibilité des films par le piratage, streaming ou VOD inquiète de plus en plus les exploitants. La polémique fait rage actuellement à Cannes et divise notamment sur la sélection de films Netflix en compétition. Ces films qui ne sortiront pas en salles faute d'accord trouvé ne respectent ainsi pas la chronologie des médias française et pose un problème aux distributeurs qui y voient une atteinte au système d'exploitation traditionnel français.
Si Abrams semble prédire la fin proche du film en salles au profit de la VOD, on constate tout de même que les fréquentations restent globalement stables malgré la hausse du piratage et l'apparition de Netflix. Quand au projet The Screening Room, il convient de préciser qu'il offrirait les nouveautés cinéma en VOD pour environ 50 dollars par film et 150 dollars d'abonnement. De quoi y réfléchir à deux fois.