Après avoir proposé deux documentaires réussis sur la violence scolaire et le viol, la réalisatrice Andrea Rawlins-Gaston nous revient avec un film sur la place des travailleurs clandestins en France. Un travail de qualité à découvrir mardi prochain sur France 2.
Combien sont-ils ? 400, 500 000, peut-être, dans une France de 66 millions d’habitants. À peine 1% de la population, mais qui cristallise beaucoup de peurs et de rejets. Au pays, ils ont laissé une épouse, un fils, une mère. Ils leur ont promis une vie meilleure. Aujourd’hui ils rasent les murs. Ils sont ceux que les autorités veulent expulser en priorité. Alors ils acceptent les boulots ingrats, les horaires décalés, les salaires amputés. Souvent ils gagnent moins que le Smic. Souvent, ils paient des impôts. Certains employeurs profitent d’eux. Pas de recours.
Des histoires singulières
Malgré les risques, ils sont cinq à prendre la parole. Cinq de ces « migrants économiques », que l’actualité ou l’administration réduisent parfois à des statistiques. Cinq histoires singulières, à visage découvert. Sidy le Sénégalais est manoeuvre dans le bâtiment. Emma, la Chinoise, est elle manucure. Rahman, le Bengladais, livre des sushis. Fanny, l’Ivoirienne, garde des enfants. Enfin, Armando l’Albanais, est menuisier. Ils sont en France, parmi nous, depuis 5, 10, 12 ans. Aujourd’hui, pour la première fois, ils parlent. Ils ne font pas de politique, mais racontent la vie. Celle qu’ils ont trouvée ici, celle qu’ils ont fuie, là-bas. Par ce récit simple et puissant, ils effacent certains préjugés et se dessinent eux-mêmes dans notre paysage. Eux, ces « clandestins », qui ont d’autres vies que les nôtres.