C’est le premier film de Michael Angelo Covino, ancien réalisateur de publicité, une comédie à l’humour fin et au look vintage, qui suit l’amitié fusionnelle et parfois toxique de Kyle et Mike pendant une quinzaine d’années. Primé à Cannes et à Deauville, c’est un pari réussi pour le jeune réalisateur.
Une complicité à l’écran
Dès la scène d’ouverture, La complicité des deux acteurs est flagrante. Kyle Marvin (Kyle) et Michael Angelo Covino (Mike, le réalisateur lui-même) se connaissent depuis des années et ont même gardé leurs prénoms pour le film. Les deux amis réalisent l’ascension du col de Vence dans les Alpes françaises et s’échangent des astuces pour mieux pédaler et affronter la pente. La photographie rétro, les montagnes et le souffle très audible des acteurs rappellent quelques peu Le Secret de Brokeback Mountain. Mais il s’agit ici d’une amitié, qui tourne au vinaigre dès cette première scène puisque Mike annonce à Kyle qu’il couche avec sa fiancée.
Kyle Marvin, Angelo Michael Covino dans The Climb - Copyright Topic Studios
Une ode à la vie, à l’amitié et à la maladresse
On suit ensuite les hilarantes mésaventures des deux protagonistes. Découpé en chapitres, le film est très rythmé. Les événements s'enchaînent sur un fond de musique entraînante, avec une bande son géniale et de nombreux plans séquences très réussis. Mariage et divorce, naissance et décès…Le temps passe et leur amitié perdure, malgré quelques éraflures.
Le réalisateur s’inspire du cinéma et de la nouvelle vague française, à qui il rend hommage tout au long du film. Le scénario, les dialogues, la photographie sans oublier les décors kitchs et colorés, se rapprochent plus du film d’auteur français que de la simple comédie.
Mais le comique est tout de même omniprésent dans le film. Les deux personnages sont malgré eux très drôles et victimes d’eux-mêmes. Mike est trop gentil et ne sait pas dire « non », surtout pas à sa mère. Kyle est trop égoïste et peine à penser aux autres. S’ils sont tous deux différents, ce qui les unit est certainement leur maladresse. Ils ne font jamais rien comme il le faudrait et enchaînent les bourdes.
Gayle Rankin, Kyle Marvin et Michael Angelo Covino dans The Climb - Copyright Topic Studios
Ce film apparaît comme une ode à la vie et à ses aléas, aux amitiés dans ce qu’elles ont de plus beau et de plus toxique. Une comédie fine et désopilante. Finalement, il n’est vraiment question de vélo qu'au début et à la fin du film, où les amis roulent côte à côte dans des routes sinueuses, comme une allégorie du temps qui passe et une excuse pour filmer de magnifiques paysages.