Le journaliste François Ruffin tourne en ridicule le patron du luxe, Bernard Arnault dans un documentaire réjouissant.
La famille Klur est en danger. Au chômage depuis 2007 suite à la délocalisation de l’usine de textile dans laquelle ils travaillaient, les huissiers menacent de saisir leur propriété si ils ne versent pas 25 000 euros dans les huit jours. Avec un salaire de 400 euros par mois et des dettes qui s’accumulent, ces anciens employés de Bernard Arnault (groupe LVMH) semblent résignés. C’était sans compter sur le Robin des bois des temps modernes, François Ruffin, qui entend bien rétablir l’ordre des choses et voler au secours de Serge et Jocelyne. Dans la peau de leur fils, il met en place un stratagème aussi offensif que jubilatoire en piégeant le grand patron du luxe. Avec la « malveillance » des caméras cachées (qu’il dissimule dans la maison des Klur lors de la visite du Monsieur sécurité LVMH) et la complicité de la famille, il offre la meilleure comédie documentaire de ce siècle. Une satyre bien trempée, nouveauté du genre, à la croisée du cinéma militant. Comme Michael Moore qui s’attaquait en 1989 au PDG de Général Motors dans Roger et moi et dont il avoue s’être fortement inspiré, il traque et tente d’approcher cette fois le PDG de LVMH pour le confronter aux employés licenciés. Et tous les moyens sont bons…
« Les fourrures sont doublées », c’est le nom de code retenu pour la mission assemblée générale qui rassemble tous les actionnaires LVMH et à laquelle compte s’incruster Ruffin. Arborant fièrement son t-shirt I LOVE BERNARD, il entend bien rencontrer le chef d’entreprise pour réconcilier « la France d’en bas et d’en haut » mais, les deux mondes ne se mélangent pas si facilement. D’ailleurs les seules images filmées de Bernard Arnaud se feront par écran interposé (images d’archives de ses poignées de main avec les présidents, cocktails mondains et inauguration de sa fondation) comme représentation de son inaccessibilité.
Journaliste engagé et rédacteur en chef du mensuel très à gauche Fakir, Ruffin est rodé à l’exercice. Pendant plus d’une heure et demi, il use de toutes les diableries possibles pour faire plier les méchants industriels. À la fois révoltant, touchant et empli d’espoir, Merci Patron se fait un hymne mordant à la combativité. Malin Ruffin !
https://www.youtube.com/watch?v=MsnrSzWJoJM