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"Les Intranquilles", dire au revoir à un amour

29 septembre 2021, par Untitled Magazine

Cinéaste du privé et de ses limites, après Nue Propriété, Joachim Lafosse s’illustre à nouveau dans le genre avec Les Intranquilles, sélection officielle du Festival de Cannes 2021. En s’inspirant de son vécu avec son père, maniaco-dépressif, il dessine l’intime d’un couple qui se déséquilibre autour de la bipolarité de Damien. En filigrane il interroge sur les situations où, parfois, l’amour ne suffit pas.

Damien (Damien Bonnard) et Leïla (Leïla Bekhti) s’aiment. Il est peintre, elle est restauratrice de meubles. Ils ont un petit garçon qui s’appelle Amine (Gabriel Merz Chammah). Ils habitent une grande maison, meublée avec très bon goût. Parfois Damien s’agite, perd le sommeil, répare des vélos à 2 heures du matin et Leïla essaie de le calmer. Parfois Damien est en crise maniaque et Leïla bataille de toutes ses forces pour l’emmener à l’hôpital. Damien est maniaco-dépressif et Leïla l’aime. Mais parfois c’est trop difficile de l’aimer et de continuer à s’engager à ses côtés.

©LesFilmsduLosange

Montrer la maniaco-dépression

Le film s’ouvre avec une sortie bateau de Damien et Amine : ils font un stop. Damien dit alors à Amine de rentrer seul en bateau, il va rentrer à la nage, il a envie de nager. A peine âgé de 9 ans, le petite garçon ramène le bateau seul, à la crique où sa mère l'attend. Ensemble, ils attendent que Damien revienne, inquiets.

Pour donner à voir Les Intranquilles, il faut une belle maîtrise du rythme et un travail de précision lors du montage. Rythmé par l'alternance des phases maniaques et dépressives de Damien, il est fait de montées en tension haletantes et aléatoires. Et pour expier ses phases maniaques, Damien peint. Une vision juste et fine de la relation entre bipolarité et travail artistique, que le personnage principal ne parvient à réaliser que sous pression.

©LesFilmsduLosange

Amour et engagement

La caméra suit Damien sur le premier tiers du film, puis elle suit Leïla. Parce que ce n’est pas une histoire sur la maniaco-dépression. C’est une histoire sur la façon dont elle imprègne et infuse les vies des gens. Les Intranquilles parle d’amour et d’engagement. Aimer quelqu’un et s’engager avec lui.elle c’est faire le choix, chaque jour, de continuer à l’aimer, à honorer une forme de contrat informel et tacite où l’on donne une partie de soi qui participera à rendre l’autre heureux.se.

Les Intranquilles est spécifiquement un film sur les limites de cet engagement à l’autre, qu’il soit celui de Damien ou celui de Leïla. Le film monte en tension au gré des phases de Damien et des tentatives de Leïla de le canaliser. Tout le monde assiste, anxieux, aux imprévisibles et irrationnels changements de Damien. Il devient Intranquille et avec lui, son entourage aussi.

Joachim Lafosse réussit l’immense prouesse de montrer sans juger les vécus de chacun. Damien, Leïla, Amine et les autres ont droit à leurs propres émotions, réactions et ressentiments, sans regard complaisant ni condamnateur. Sur les airs d’Idées Noires, de Bernard Lavilliers et Catherine Ringer, il propose le récit juste d’une femme qui lutte, qui finit par douter, et d’un couple qui finit par s’avouer ses limites.

©LesFilmsduLosange

Les Intranquilles, de Joachim Lafosse, sortie le 29 septembre 2021.




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Le webzine des plaisirs culturels.


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