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Les Filles d’Olfa : quitter la violence familiale pour Daesh

25 juillet 2023, par Salomée Hubleur

Cinquième film pour la scénariste Kaouther Ben Hania (La Belle et la Meute), Les Filles d’Olfa a remporté l’Oeil d’or (prix du meilleur documentaire) lors de la 76e édition du Festival de Cannes. Entre documentaire et fiction, le film retrace la vie d’une famille tunisienne confrontée aux départs de deux sœurs pour le djihad. Un récit bouleversant autour d'une famille brisée, qui à l’aide d’une mise en scène bluffante va se libérer. 

L’histoire d’Olfa à été peu relayée en France, mais a défrayé La Tunisie en 2016 : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, a vu ses deux aînées quitter le foyer familial pour rejoindre l'État islamique en Libye. Une histoire personnelle qu’elle a largement médiatisée, rendant publique la radicalisation de ses filles et accusant le gouvernement tunisien de ne pas avoir agi.  

Un dispositif de cinéma hors du commun 

À la lisière du documentaire et de la fiction, Kaouther Ben Hania dresse le portrait d’une mère de famille élevant ses quatre filles seule dans une Tunisie sous tension. Derrière sa caméra, elle met en scène un  dispositif de cinéma inédit : à l’écran Olfa est accompagnée d’Eya et Tayssir, ses deux filles cadettes, qui sont restées vivre avec elle. A leurs côtés, et faute de pouvoir filmer les deux aînées emprisonnées, deux actrices jouent les rôles de Ghofrane et Rahma. Les figures masculines sont jouées par un acteur (Majd Mastoura) et la célèbre actrice tunisienne Hend Sabri incarne Olfa lors des moments les plus douloureux. Les filles d’Olfa est donc un mélange de réalité, de fiction et de coulisses de tournage.

Lesfillesdolfa_3.jpegCrédit photo : Tanit Films

Fuir pour trouver la liberté

Olfa est une femme forte qui tient tête aux hommes, une vision moderne dans un pays où les femmes dans certains cas soumises à leur mari. Malgré cette ouverture d'esprit, l’éducation qu’elle a donnée à ses filles est violente et oppressante, laissant peu de place à la liberté. Lorsque Hend Sabri joue le rôle d’Olfa dans les scènes de violence, Olfa prend conscience de l’éducation tyrannique qu’elle a fait vivre à ses filles. Pourquoi est-il si difficile de dépasser les coutumes culturelles ? Et si les bonnes intentions ne suffisaient pas à bien éduquer ?

Le documentaire nous plonge dans les moments douloureux de cette famille, et pose la question du patriarcat dans la société tunisienne, des abus sexuels et des mariages arrangés. Mais ici, il est aussi question de poids culturel, d'adolescence, et de Printemps arabe.

Lesfillesdolfa_2.jpeg

Crédit photo : Tanit Films

En rejouant les événements marquants de sa vie, chaque protagoniste se retrouve confronté à son passé, les obligeant à revivre des scènes blessantes, choquantes mais nécessaires pour que chacune d'elles puisse se livrer sur la relation qu’elle entretenait avec ses soeurs, mais aussi sur leur vision de l'éducation menée par Olfa. Une véritable thérapie pour cette famille qui peut enfin se parler à coeur ouvert. 

Ghofrane et Rhama dont l’une d’elles est mère d’une petite fille,  ont été condamnées à une peine de seize ans de prison en Libye. La famille espère toujours leur rapatriement en Tunisie.

En salle depuis le 5 juillet 




auteur
Salomée Hubleur


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