Neuf ans après La Crème de la crème, Kim Chapiron réalise Le Jeune Imam. Un film coécrit avec son ami de longue date Ladj Ly, (Les Misérables, 2019) avec qui il à cofondé le collectif Kourtrajmé. S’inspirant de faits divers sur les arnaques de pèlerinage à la Mecque, ce film dresse le portrait d’Ali Diallo,un enfant fasciné par l’argent devenu leader spirituel. Un premier grand rôle au cinéma pour l’acteur Abdulah Sissoko.
Ali à 14 ans et enchaîne les bêtises. Sa mère (interprétée par Hady Berthe) écrasée par la honte et qui l’élève seule décide de l’envoyer dans son village natal au Mali, dans une madrasa (école coranique) pour qu’il puisse apprendre le respect de la vie. 10 ans plus tard, le jeune homme revient en France, après avoir étudié l’islamologie. Prêt à tout pour rendre fière sa mère, et un peu par hasard, il devient l’imam de sa cité. Adulé sur les réseaux sociaux, et le succès grandissant, il se lance dans un projet fou : permettre aux habitants du quartier d’obtenir des visas pour se rendre à la Mecque. Un business vite fructueux mais dangereux.
Un amour invisible entre une mère et son fils
Alors que la religion musulmane est souvent au cœur des débats et polémiques, Kim Chapiron raconte le quotidien d’une majorité de musulmans, ceux qui vivent sans faire de bruit. Un film loin des clichés et des préjugés. Car ici, ce que le réalisateur a souhaité faire c’est parler de religion sans que cela soit un sujet. Car cela se passe dans la religion musulmane, mais cela aurait pu être dans n’importe quelle autre communauté religieuse. Et au-delà de la filmer, il a surtout souhaité montrer le quotidien des gens ordinaires, et de ce que l’homme a de plus précieux : sa famille.
La famille et l’éducation sont deux sujets importants pour le réalisateur qui dans Le Jeune Imam aborde deux points de vue : pour le jeune garçon, sa mère l’abandonne, tandis que pour elle, elle le sauve, elle croit en lui et vaut ce qu’il y a de mieux pour son éducation. Bien qu’ayant vécu une partie de son adolescence au Mali sans sa mère, lorsque Ali revient en France, à Montfermeil, il veut la rendre fière, et lui prouver qu'il a changé. Le réalisateur nous livre ainsi une véritable leçon d’amour entre un fils et sa mère.
Crédit photo : Lyly Films - Srab Films
Pèlerinage à La Mecque : du rêve au cauchemar
Le pèlerinage à la Mecque constitue le cinquième pilier de l’islam. Un voyage sacré qui demande des sacrifices financiers pour beaucoup de musulmans. En France, on compte environ 6 millions de musulmans, et en 2019, le consulter l’Arabie Saoudite en France n’a délivré que 22 000 à 28 000 visas pour effectuer ce pèlerinage. Le précieux sésame est uniquement délivré par le biais d'agences de voyage accréditées par le ministère saoudien. Cependant, des agences non agréées tentent d’escroquer les pèlerins en leur soutirant de l’argent, et sans jamais que ces derniers ne puissent bénéficier de leur visa.
Le long métrage montre aussi la modernité à laquelle doit faire face l’imam, celle des réseaux sociaux, qu’il va utiliser pour communiquer et diffuser sa parole aux plus grand nombre. On se rend compte au fil des scènes que c’est l’imam avec le plus d’abonnés, qui va attirer les plus jeunes, et comment les nouvelles technologies peuvent changer rapidement la vie en bien comme en mal..
Crédit photo : Lyly Films - Srab Films
En salle depuis le 26 avril