Après La Daronne (2020), Jean-Paul Salomé réalise La Syndicaliste, thriller économico-politique et revient sur l’histoire vraie de Maureen Kearney, ex lanceuse d’alerte chez Areva, violemment agressée à son domicile en 2012.
L’histoire vraie d’une militante
D’origine irlandaise, Maureen Kearney s'installe en France au milieu des années 80. En 1987, elle devient professeure à la Société Générale pour les techniques Nouvelles (SGN), une entreprise spécialisée dans les ingénieries nucléaires, et enseigne l’anglais aux cadres avant que ces derniers ne partent travailler à l’étranger.
En parallèle, elle s’engage dans le syndicalisme quand elle découvre que la SGN essaie de pousser vers la sortie des centaines d’ingénieurs, - dont certains sans indemnités de licenciement -, et finit par obtenir de la direction un plan social pour ces derniers. Elle rejoint ensuite la CFDT d’Areva, en tant que secrétaire générale du comité du groupe européen et devient alors l’une des syndicalistes les plus influentes du pays et représente 75 000 salariés. En 2012, elle est agressée et violée à son domicile et sera en 2017 condamnée pour « dénonciation de crime imaginaire » avant d’être relaxée un an après.
Copyright 2022 Guy Ferrandis - Le Bureau Films
Agressée, violée mais accusée
Un matin, Maureen est contactée par un homme travaillant chez EDF : ce dernier l'informe qu’un accord va entre rendu entre AREVA, EDF et la société CGNPG, entreprise d’Etat chinoise. Elle y voit rapidement un possible transfert de technologie vers la Chine créant ainsi des milliers d’emplois supprimés en France. Maureen Kearney tente depuis plusieurs mois d’alerter les politiques et la presse. Alors qu’elle se prépare pour rencontrer François Hollande, sa femme de ménage l’a retrouve à son domicile, ligotée, violée, et la lettre A scrarifiee sur son ventre.
Lors de l’enquête aucune trace ADN n’est retrouvée dans la maison, hormis les siennes, celles de son mari et celles de sa femme de ménage… de plus la mise en scène semble intriguer les police. Maureen devient alors coupable et est accusée d’avoir mis en scène sa propre agression. Elle va subir plusieurs examens gynécologiques pour déterminer pourquoi elle est restée six heures avec un manche de couteau dans le vagin sans l’expulser et subira de nombreuses pressions de la part des policiers, prêts à tout pour la faire avouer…
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Un film coup de point : le combat d’une femme
Pour réaliser ce long métrage, Jean-Paul Salomé s’est inspiré du livre de la journaliste d’investigation Caroline Michel-Aguirre, en se concentrant sur le personnage de Maurenn Kearney, interprété avec précision par Isabelle Huppert (dont sa ressemblance avec la lanceuse d’alerte est troublante).
Pour immerger le spectateur dans cet horrifique drame, les personnages sont nommés par leur vrai nom : Marina Foïs (As bestas, Polisse..) dans le rôle d’Anne Lauvergeon, Yvan Attal (Les Choses Humaines, Mon chien Stupide..) dans celui de Luc Oursel qui lui a succédé à la tête d’Areva ou Christophe Paou (Vous ne désirez que moi, L’inconnu du lac..) dans celui Arnaud Montebourg, Ministre de l’Economie. Une grande partie du film est fidèle à ce qu’il s’est passé, précise Jean-Paul Salomé dans les notes de production. Certains dialogues sont exacts au mot près, notamment ce que l’on entend au cours des deux procès.
Avec La Syndicaliste, le réalisateur nous plonge dans le quotidien d’une femme puissante, qui tente bien que mal d’evoluer dans un monde d’hommes, qui doit lutter contre le sexisme, et qui doit faire face tous les jours aux menaces d’intimidations d’une direction prête à tout pour éviter un scanadale. Cette histoire dénoncée et médiatisée, peut-être pas assez ? met en lumière les failles de la justice pour protéger les femmes victimes de violences.
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Une décennie après, les auteurs de cette agression n’ont jamais été retrouvés, ni même recherchés par la justice. L’affaire pourrait bien être relancée par le témoignage d’une autre femme, Marie-Lorraine Boquet-Petit, épouse d’un ancien cadre de chez Véolia, agressé en 2006 dans des conditions similaires.
En salles depuis le 1er mars