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"La route sauvage" : voyage en terre solitaire

28 avril 2018, par Untitled Magazine

Road-trip douloureux au cœur d’une Amérique profonde, "La route sauvage", adaptation sincère et efficace du roman initiatique de Willy Vlautin, ne manque pas sa cible : derrière les étendues désertiques, Andrew Haigh s'attache, avec douceur, à décrypter le coeur des solitudes.

Charley Tomson est un jeune adolescent de quinze ans quand il se retrouve livré à lui-même après la perte de son père, battu à mort par un mari jaloux. Alors que son patron, un vieil entraîneur de chevaux de courses, dit vouloir se débarrasser de Lean on Pete, le cheval à qui Charley confie ses pensées et sa tendresse, l’adolescent décide de s’enfuir avec l’animal et d’entreprendre un marathon solitaire pour rejoindre sa tante Margie.

© Ad Vitam

Esthétique du voyage

La route sauvage est celle qui traverse une Amérique désertique et poussiéreuse, que seuls quelques pauvres ménages miséreux acceptent de peupler. Ces grandes étendues filmées en plans larges ne rendent la solitude du personnage de Charley que plus grande, noyée par l'immensité des paysages. Les rencontres qu’il fait sont nostalgiques, et, si elles le ramènent tout d’abord à la possibilité d’une relation, elles s’avèrent finalement tragiques, incapables de combler le gouffre de solitude qui se creuse en Charley. Toutefois, on notera que la sobriété du scénario, nourrie par une direction et une mise en scène léchées, permet d’éviter le misérabilisme ou un manichéisme inutile -le spectateur n'est jamais, par exemple, poussé à haïr le vieil entraîneur. Cette fidélité à la complexité et à la pudeur des personnages fait émerger un éclat de bonté dans la solitude de chacune de ces vies. Un parti pris de l’honnêteté qui souligne la justesse du jeu de Charlie Plummer, jeune comédien de dix-huit ans : visage aussi doux qu'imparfait et regard clair -une belle promesse cinématographique.

© Ad Vitam

Parler d'amour

Plummer présente le film de cette façon : « C'est une histoire d'amour. Ça peut sonner comme une blague mais je le pense vraiment (…) C'est intéressant d'avoir un personnage en recherche constante d'amour (…) ». Car, dissimulé sous la rugosité du climat et des visages, le sujet principal de La route sauvage est bien l’amour qui traverse le personnage de Charley. L’amour pour ce cheval, Lean on Pete (titre original du film), l’amour pour le père malgré ses égarements, l’amour pour la tante qu’il cherche à retrouver... Une quête d’amour également : en premier lieu, on serait tenté de penser à la quête de l’amour perdu du rêve américain dont subsiste cependant, parmi ses orphelins, l’espoir. De la même façon, le film se présente comme une déclaration d’amour du réalisateur pour ce pays, délivrant une photographie des États-Unis bien loin de celle des blockbusters, qui perd en glamour et en séduction mais gagne en noblesse.

Malgré quelques longueurs -qui vont dans le sens de la narration certes, mais rendent ce long écoulement parfois lassant-, le voyage initiatique d'Andrew Haigh suit une dynamique transparente, pleine d'humanité et de compréhension.




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