Victoria est présenté au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de la Semaine Internationale de la Critique.
On suit dans Victoria la vie d'une avocate divorcée (Virginie Efira), mère de 2 filles, qui va essayer de se (re)construire autour de ses procès à la fois compliqués et symboles du chaos régnant dans sa vie sentimentale. Le film nous plonge dans les errements de Victoria, dans ses confusions permanentes, alors qu'elle cherche à reprendre son souffle et à avoir un semblant de contrôle sur sa vie. Victoria est une comédie qui peine à se situer et à vraiment savoir là ou elle veut nous emmener. Finalement, le chaos qui règne dans la vie des personnages semble avoir un peu trop déteint sur l'oeuvre finale.
© Ecce Films
Porté par une Virginie Efira convaincante et des punchlines percutantes de Vincent Lacoste (Sam dans le film), il ne reste plus qu'à ajouter une écriture soignée et un montage cohérent pour créer une bonne comédie dramatique française, à l'image du très bon "9 mois ferme". Malheureusement il n'en est rien et les choix de montage et de scénario sont assez discutables. Tout d'abord, le film nous introduit de façon très abrupte dans son sujet par une séance chez le psy, bien avant le générique. Il nous installe par la suite dans le quotidien de Victoria. Entre ses séances chez le psy, chez la voyante, ou ses rencontres d'un soir infructueuses, on nous plonge dans une comédie romantico-dramatique comme le cinéma français en produit (à notre grand regret) en masse, inspiré des divers succès outre-Atlantique...
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Mais là ou le bât blesse, c'est qu'au lieu de continuer dans cette veine (même si assez classique), au beau milieu du film s'opère un changement radical de ton et de rythme, et nous nous retrouvons en proie à un enchaînement de procès, qui ne sont hélas guère palpitants. Reste à savoir si un tel grand écart de genre réussira à trouver son public... Le mélange ne fonctionne malheureusement pas, car en s'éparpillant de la sorte, la réalisatrice ne parvient pas à extraire le meilleur des deux genres. Justine Triet n'a pas non plus réussi à sortir des sentiers battus et à s'extraire des canons dont le film s'inspire. Victoria ne va pas jusqu'au bout des choses et n'assume pas pleinement la noirceur et le cynisme du portrait qu'il peint.
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Reconnaissons lui tout de même quelque qualité pour ne pas faire de ces lignes une critique acerbe que le film ne mérite pas (complètement). Parfois il tend vers un réalisme assez surprenant et agréable, gérant parfaitement les silences qui font ressortir le jeu des acteurs, non limités à leurs lignes de dialogue. Et la grande force du film réside en la justesse de ses acteurs, toujours à la recherche de la bonne répartie. La direction des acteurs est bonne, malgré un changement de personnalité beaucoup trop radical de Vincent Lacoste qui passe de baby-sitter maladroit à beau gosse (n'y voyez aucune référence) sûr de ses qualités.
https://youtu.be/KmDiwnntqxw