A travers l’histoire de onze adolescents, le réalisateur Olivier Babinet dresse le portrait tantôt joyeux tantôt dramatique de la jeunesse de banlieue. Loin des reportages racoleurs et autres clichés, "Swagger" cerne le quotidien de ces futurs adultes avec beaucoup de justesse, d'émotion et d’humanité.

Swagger nous transporte dans la tête de onze enfants et adolescents aux personnalités surprenantes, qui grandissent au coeur des cités les plus défavorisées de France. Le film nous montre le monde à travers leurs regards singuliers et inattendus, leurs réflexions drôles et percutantes. En déployant une mosaïque de rencontres et en mélangeant les genres, de la comédie musicale et la science-fiction, Swagger donne vie aux propos et aux fantasmes de ces enfants d’Aulnay et de Sevran. Car, malgré les difficultés de leur vie, ils ont des rêves et de l’ambition.

© Faro / Kidam / Mathematic / Carnibird

Se jouer des fantasmes

La banlieue nourrit bien des fantasmes. Elle véhicule dans l’imaginaire du « français de souche, mais c’est quoi de souche ? » bien des idées reçues, alimentées à coups de reportages outranciers dont TF1 raffole tellement. Elle est, la plupart du temps, montrée comme un lieu de non droit, où seule compte la loi du talion, où la police ne peut plus mettre les pieds et où la seule perspective d’avenir se situe au pied des tours. Ces thèmes, ces fantasmes, le réalisateur ne les nie pas, mais il préfère jouer avec, poser cette violence bien réelle en toile de fond, comme le décor d’un théâtre pour pouvoir se concentrer sur son véritable sujet : les rêves d’une jeunesse somme toute presque ordinaire.

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Le réalisateur filme cette banlieue d’Aulnay-sous-bois comme un protagoniste à part entière, une entité mystérieuse et puissante. Sa caméra la survole, comme d’autres caresseraient une femme imposante et sensuelle. Parfois, elle s’arrête devant l’une des fenêtres et nous offre les rêves d’un de ses habitants. Ainsi, Régis, hâbleur et sûr de lui, rêve de devenir styliste, Naïla et ses grands yeux bleus imaginent devenir architecte et construire une meilleure maison pour elle et pour les siens, Aïssata se verrait bien moins discrète. A travers leurs histoires, des thèmes surgissent en filigrane ; la colonisation, l’amour, la violence. Ces ados singuliers, uniques comme le sont tous les ados, parlent vraiment, ouvertement et sans complexes et voilà qui fait du bien !

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La force de ce docu-fiction réside aussi dans sa mise en scène originale et soignée. Le réalisateur explore les genres chers à la jeunesse ; science-fiction, comédie musicale ou encore teen-movie et crée un hybride cinématographique tour à tour drôle et émouvant. La capacité d’écoute et de compréhension d’Olivier Babinet est prodigieuse et il la retranscrit à merveille dans Swagger. A travers un habile montage, ces jeunes, parfois si différents, s’écoutent, s’observent, se jaugent. En résulte une vivacité hors norme, une pulsation qui parcourt le film d’un bout à l’autre. Swagger, qui en français veut dire se pavaner, a de quoi parader… Il a du style.

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