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Critique : "Polina", un film de Valérie Müller et Angelin Preljocaj

14 novembre 2016, par Untitled Magazine

"Polina" se focalise sur les errements d'une jeune danseuse qui rêve du Bolchoï, avec une tendresse et une passion communicatives. Les faiblesses de narration sont nombreuses, mais vite récupérées par de beaux jeux d'acteurs et de magnifiques instants de danse. 

© Carole Bethuel © Carole Bethuel

Dans la Russie des années 90, une jeune danseuse classique, Polina, rêve du Bolchoï. Alors que ce rêve s’apprête à se concrétiser, Polina décide de tout quitter pour la France afin de s’essayer à la danse contemporaine et de trouver sa véritable voie.

De belles prestations

Anastasia Shevtsova, interprète du personnage de Polina, est danseuse classique au très prestigieux Théâtre Mariinsky à Saint-Petersbourg, et Polina est ici sa première expérience de cinéma. Cette dernière tient son rôle de bout en bout : jamais dans l’exubérance, elle ne joue pas à l’actrice -ce qui aurait été une tentation facile. Son visage exprime une grande puissance, une grande maîtrise de ses émotions qu'il s'agit de cacher lorsque son prof de danse clasique lui enjoint de "ne pas montrer l’effort". La direction d’acteur de Valérie Müller et Angelin Preljocaj est ici fantastique : ils ont su garder ce que la danseuse avait déjà en elle afin de la métamorphoser en actrice, Niels Schneider -qui a intégré le spectacle de Preljocaj, Retour à Berratham, pour perfectionner son rôle- tient ses danses à la hauteur de son jeu. Le duo qu’il forme avec Anastasia Shevtsova pour Blanche Neige est un beau moment de tendresse, et la présence du jeune acteur apporte un naturel rafraichissant au personnage de Polina. Juliette Binoche, qui les dirige à Aix, complète ce beau tableau.

© Carole Bethuel © Carole Bethuel

Quelques maladresses compensées par un beau sujet

La seconde partie a tendance à s’allonger sans fin, répétant le même motif sans originalité : le bar, la mélancolie, le bar, la mélancolie, etc. De la même façon, Valérie Müller, scénariste également, ne pousse pas assez la rupture familiale : le père apporte un peu de pathos à l’action, mais il n’est pas assez présent pour avoir une réelle influence sur la narration. Cela étant dit, il y a beaucoup de sincérité dans Polina, même si quelques scènes chorégraphiées auraient gagné à être davantage exploitées -notamment celle du pont, dans la seconde partie du film, où la caméra danse avec Polina et son ami. Les moments de danse apportent du souffle dans la réalisation et sont filmés avant tant d’admiration et de joie que l'émotion devient perméable.

Polina, danser sa vie est une belle ode à la danse, réalisée par des passionnés. La sincérité avec laquelle ce travail a été exécuté empêche trop de virulence sur certaines faiblesses narratives du film : le sujet, réalisé avec une tendresse et une passion infinie, interprété par de très bons acteurs, et dansé par de très bons danseurs, saura ravir les plus réticents.

BONUS :

Si vous le ratez au cinéma, ou si vous n’êtes pas totalement convaincus par la réalisation de Müller et Preljocaj, ne passez pas à côté de la BD de Bastien Vivès, Polina, de laquelle s'inspire le film, qui est un véritable condensé de grâce et de pudeur.

https://www.youtube.com/watch?v=Ooe9ZQHcAVs


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