Nas’ (Reda Kateb) a passé vingt-quatre mois derrière les barreaux. Tout juste sorti de prison, il espère avoir le soutien de son frère Arezki (Slimane Dazi), propriétaire du café « Le Prestige » à Pigalle. Nas’ renoue avec ses anciennes relations et ne cesse de se disputer avec son frère qui voudrait le voir se ranger. Mais Nas’ aime trop le monde de la nuit, reprend les activités qui l'ont conduit en prison, quitte à prendre des risques et à flirter avec l'illégalité...
Les parisiens de la galère
S’ils se différencient des autres groupes de rap français en refusant d'atténuer leurs textes pour être diffusés sur les radios, Ekoué et Hamé (La Rumeur) livrent également un film qui ne ressemble en rien au paysage cinématographique français actuel. Ici on montre les gens tels qu’ils sont, tels qu’ils vivent, tels qu’ils parlent. Ils montrent cette France qui galère, ces derniers parisiens qui sont ici les derniers pauvres. Les âmes qui ont fait ce quartier et qui sont obligées d’en partir aujourd’hui, poussées par les nombreuses transformations, aussi bien sociétales que commerciales.
Choc des générations
L’histoire confronte deux générations, celle du personnage interprété par Slimane Dazi, décimée depuis des années par la drogue et la violence, et celle représentée par son frère Nas’ qui les a vus tomber. Cette vérité, cachée derrière de vieilles rancœurs dans un premier temps, ne dévoilera son essence qu’à travers une scène entre les deux frères qui résonne comme une ultime confession.
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Comme l’a déclaré Hamé lors de sa présentation, « Les Derniers Parisiens n’est pas un film de diversité c’est une histoire de France ». Le film parle des « anciens » qui ont du mal à trouver leur place dans leur quartier en pleine gentrification. Sans être nostalgique, les réalisateurs dépeignent une société dont les acteurs ont du mal à garder des repères face aux changements, et qui répètent inlassablement les réflexes quotidiens et les erreurs du passé.
Avec un montage rythmé, une bande son envoûtante, Les Derniers Parisiens est un exercice réussi qui plonge le spectateur dans la vie du quartier de Pigalle et de ses habitants. Les images de nuit sont particulièrement réussies et sont un reflet parfait de ce que peut être la vie à Pigalle.La réussite du film réside également dans la puissance des seconds rôles (mention spéciale à Constantine Attia), cet effet de groupe et des petites histoires qui en découlent donnant vie au quartier de Pigalle.
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Avec un scénario semblable aux paroles de la chanson Le patron me laisse le bar, Les Derniers Parisiens n’est pas vraiment film de gangster, ni une chronique sociale, mais bien plutôt un film sur les sentiments ambivalents d’une génération en question face à un monde et un futur en questions.
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