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Critique : "La Terre et l’Ombre", un film de César Acevedo

1 février 2016, par Untitled Magazine

Film colombien réalisé par César Acevedo et lauréat de la Caméra d’or au Festival de Cannes, « La Terre et l’Ombre » nous raconte le retour d’Alfonso, vieux paysan, dans sa famille après dix-sept ans d’absence. Présent au chevet de son fils malade, il essaye de renouer avec celle qui fut sa femme, sa belle fille et son petit fils.

Ce film, fortement autobiographique, nous introduit dans un univers familier aux personnages facilement reconnaissable. On s’identifie rapidement à cette famille isolée, cernée par les champs  de cannes à sucre à perte de vue, dans laquelle les non-dits surgissent brutalement.

Au départ simple travail de fin d’étude du réalisateur, la force de ce film réside dans la puissance émotionnelle insufflée par ses acteurs non professionnels (en dehors des rôles de la belle fille et de la femme). Le spectateur prend de plein fouet des sensations inattendues et se laisse emporter par l’empathie et une diversité d’émotions que suscite cette famille. Mention spéciale à José Felipe Cárdenas incarnant le petit Manuel. Par son innocence et son appréhension des différents rapports entre les membres de la famille, il touche le spectateur, allant même jusqu’à lui décrocher une petite larme. Citons le réalisateur qui présente ainsi ses acteurs : « Nous sommes devenus une vraie famille, et bien des émotions exprimées par les acteurs sont nées des liens que nous avons su créer entre nous. »

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Mais si les acteurs sont bouleversant, il faut également reconnaitre que la composition du cadre et la photographie mettent en valeur un paysage rustique qui devient un personnage à part entière. Les champs de canne à sucre encerclant la maison familiale suggèrent une métaphore, celle de l’enferment progressif des protagonistes dans la solitude de leurs chagrins et conflits. L’exploitation de ces champs fait pleuvoir des cendres sur la modeste propriété, provoquant la maladie de Gerardo.

Ce film, en plus d’être une oeuvre complète et complexe sur le plan relationnel, apporte un point de vue social relativement inédit et peu traité au cinéma : l’exploitation de la canne à sucre en Colombie. Les ouvriers, dont font partis la femme et la belle fille d’Alfonso, sont exploitées et se retrouvent exposés à la fumée et aux cendres. Le sujet est habilement introduit et ne sombre jamais dans le misérabilisme. Le réalisateur ayant vécu dans cette région de Colombie, nul doute qu’une dimension autobiographique infiltre le choix de ce lieu, sublimé encore une fois par la caméra et par la prestation convaincante des ouvriers agricoles jouant leur propre rôle.

En conclusion, César Acevedo réalise presque un sans faute pour son premier film, accompagné d’acteurs crédible et débordant d’une émotion communicative. Malgré quelques longueurs sur la fin, « La Terre et l’Ombre » nous propose un vrai drame psychologique aux multiples enjeux, magnifié par une caméra d’or remarquable.

https://www.youtube.com/watch?v=OWBOYwNUcEw


auteur
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