En Inde, dans l’État du Gujarat, quatre femmes d'un petit village luttent pour survivre à leur modèle de vie imposé avant de suivre une autre voie : celle de la liberté et de l'émancipation.
Nous sommes en Inde, l'un des pays les plus enracinés dans la culture patriarcale et inégalitaire avec les castes. Le stéréotype de la femme-objet sexuel a la vie dure. Mariée dès le plus jeune âge, une fille est un "mauvais investissement" car il faut payer une dot. Pourtant à Ujhaas, petit village imaginaire du Nord Ouest, les règles ne sont pas les mêmes. Rani doit débourser 500 000 roupies pour marier son jeune fils Gulab. Veuve depuis ses quinze ans, elle élève seule son fils et arbore toujours un voile noir. Gulab est un personnage déroutant de par sa misogynie et sa jeunesse. Déjà fainéant et alcoolique, il suit les traces de ses ainés. L'exemple type du lavage de cerveau opéré par le conseil de village pour qui la réputation et la tradition priment.
Il y a aussi Lajjo, petit bout de femme battue par son mari ivrogne à qui elle ne peut offrir d'enfant. La très sensuelle Bijli, danseuse itinérante, elle, incarne le plus l'émancipation mais elle s'enferme dans la prostitution. Et la plus jeune, Janaki, mariée de force par sa famille à ses quinze ans au fils de Rani. Tous ces personnages ont été inspirés à Leena lors de ses voyages dans le désert indien du Kutch. Ce sont de vraies histoires.
Beaucoup de scènes drôles sont montées en alternance avec les tranches de vie violentes de ces femmes. Ça en devient déroutant pour le spectateur qui se demande s'il doit rire ou pleurer, pris à parti avec la morale. C'est ce qu'a cherché à créer Leena Yadav. Des codes de Bollywood, il reste la danse, la musique et surtout la photographie teintée de couleurs flashy.
Le film est subversif à la fois sur le fond et la forme. Les femmes sont crues : elles parlent de sexe entre elles. Et puis l'on voit deux scènes de nue. C'est d'ailleurs le moment où Rani lave les blessures de Lajjo, dénudée, qui reste en mémoire. Une parenthèse très sensuelle vue comme une forme de langage pour la réalisatrice qui nous laisse toutefois songeur sur le moment.
Même si Bollywood est la première industrie du cinéma, ses films de société ne sortent qu'au compte goutte. "La Saison des femmes" est un film indépendant qui a difficilement trouvé des financements. En Occident, le film entame un très bon démarrage et de bon retours du public et des critiques : Prix du jury et Prix d'interprétation féminine au Festival international du film de Bergen, Prix de l'impact au Festival international du film de Stockholm. Le film a aussi été présenté au Festival international du film de Toronto en 2015.
Reste pour "Parched" (titre original) à passer l'épreuve de la censure indienne, pour qui on garde espoir, comme pour les jeunes femmes du film.
https://youtu.be/0ZOt3VJFSkQ