Kaila Blues est le premier film du réalisateur chinois Gan Bi. On y suit Chen, médecin dans une petite clinique de Kaili, ville brumeuse et humide de la province subtropicale du Guizhou. Il a perdu sa femme lorsqu'il était en prison pour avoir servi dans les triades. Il prend en charge Weiwei, son neveu, qu'il aimerait adopter. Lorsqu’il apprend que son frère a vendu Weiwei, Chen décide de partir le retrouver. Sur la route, il traverse un village étrange nommé Dangmai, où le temps n’est plus linéaire. Là, il retrouve des fantômes du passé et aperçoit son futur... Il est difficile de savoir si ce monde est le produit de sa mémoire, ou s'il fait simplement partie du rêve de ce monde.
Voilà le synopsis du film, et sans lui, il est compliqué (voir impossible pour ma part) de saisir le sujet de l'oeuvre. Il est possible tout de même de lui reconnaître une esthétique plutôt soignée de la Chine rurale, avec des couleurs plutôt vive, qui rehausse l'ennui palpant tout au long du film. Oui, on s'ennui, et on fait pas semblant car le film dure 2h, et on y comprend rien mais alors vraiment rien... Faire une oeuvre cinématographique distribuée à l'échelle mondiale nécessite pour ma part l'intégration du spectateur dans le processus créatif. Du moins à minima. Si tel n'est pas le cas, l'oeuvre reste au statut d'expérimental, et n'est pas destiné au public tout venant, mais uniquement aux initiés. Car s'ennuyer n'est pas si grave finalement (et parfois même bénéfique), mais là où le bât blesse, c'est lors de la compréhension d'un scénario pourtant pas alambiqué, voir même plutôt simple. Mais passé les 30 premières minutes, on ne comprend plus rien, et le film se perd dans un lyrisme et un onirisme plombants et gratinés de vers des poèmes du réalisateur himself.
On a l'impression que Gan Bi cherche ici à montrer ce qu'il sait faire, et c'est tout ! Un plan séquence de 42 minutes c'est bien, c'est une belle prouesse technique, mais quand c'est injustifié et que l'image tremble, c'est gênant et ça ralentit encore un film déjà trop lent.
Lors d'une interview du réalisateur il dit :
Ici, j'ai choisi d'exploser la narration, de la disperser dans tous les recoins du film, et c'est au spectateur.
Maintenant, vous êtes prévenus...