Dans les années 50, à Pittsburg, Troy Maxson est éboueur et marié à Rose. Il s’est résigné à accepter sa vie d’employé municipal depuis que les grands clubs professionnels de base-ball du pays ne l’ont pas accepté, en raison de sa couleur, selon ses dires. Il vit donc chaque jour avec cet échec en tête et n’hésite pas à déverser sa frustration et sa colère sur l’éducation de l’un de ses fils, rêvant lui aussi de devenir joueur de base-ball. Une déception qui le ronge de l’intérieur et le pousse parfois à commettre des erreurs qui vont toucher son entourage, notamment sa femme dévouée.
Un drame tiré d’une pièce d’August Wilson
Avec ce quasi huis clos, dans la maison et le jardin des Maxson, on est rapidement happés dans cette vie de famille. On retrouve dans cette dernière Troy et sa femme Rose, mais également Lyons, le fils ainé de Troy, musicien, issu d’une première relation du père de famille. Cory, le fils de Troy et Rose, élevé à la dure par son père, car celui-ci n’a qu’un rêve, faire mieux que son ainé et devenir joueur de base-ball professionnel. Interprété par Stephen Henderson, Jim Bono, le meilleur ami de Troy est également régulièrement présent dans l’antre familiale. Un noyau dur dont les relations, au beau fixe au début du film (en tout cas en apparence) ne vont faire que se tendre, jusqu’à exploser.
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Cette oeuvre sombre est l’occasion de décrire et de mettre en avant la culture et le mode de vie de la communauté dans laquelle Troy vit. Pour comprendre au mieux les relations entre les membres de cette famille et la façon de penser du personnage principal, les dialogues sont absolument essentiels. Ils sont nombreux, parfois longs, mais indispensables. Dans quelques longs monologues, Denzel Washington et Viola Davis brillent l’un en face de l’autre. Leurs nominations aux Oscars sont amplement méritées tant ils interprètent à merveille leurs personnages, l’actrice étant particulièrement touchante.
Une histoire toujours d’actualité en 2017
Avec une intrigue poignante et de nombreux rebondissements, Fences est un drame devant lequel on reste scotchés. Le scénario avait été écrit et terminé par August Wilson peu avant sa mort. Le dramaturge, auteur de la pièce éponyme, avait déjà été récompensé en 1987. Il avait reçu le prix Pulitzer pour cette pièce de théâtre toujours d’actualité. On y parle en effet de racisme et de communautarisme, des sujets qui rongent les Etats-Unis, particulièrement depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
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Le cocktail est parfait. Les acteur sont talentueux, le scénario est envoutant et d’actualité. L’histoire dégage beaucoup de puissance et la réalisation, plutôt réussie par Denzel Washington, passe clairement au second plan. Elle est assez simple, épurée, et concorde bien avec ce film, sans trop de mouvements de caméras inutiles.
Evidemment, la concurrence sera rude, mais il serait étonnant de ne pas voir Fences récompensé lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Un grand Denzel Washington pourrait prétendre à une troisième statuette, mais surtout Viola Davis peut largement croire en ses chances de remporter l’Oscar du meilleur second rôle.