Esthétique léchée et poésie romantique à la Roméo & Juliette, "Equals" est une dystopie sensible, bourrée de références iconiques qui sont un plaisir à retrouver. Pas novateur, certes, mais hyper sensuel.
Nia et Silas sont deux bons petits soldats de travail, soumis aux injonctions d'une société dans laquelle toute émotion est prohibée. Les sentiments y sont considérés comme une maladie, qui se décline en stade et se termine forcément par une mise à mort certaine. Malgré eux, Nia et Silas finissent par tomber amoureux. Pour survivre, ils vont devoir résister et dissimuler leur amour grandissant...
Cocktail référentiel
TF1, qui se charge de la sortie et de la promotion de cette nouvelle réalisation signée Drake Doremus, n'a pas vraiment compris toute la portée du film, qu'elle réduit à une ridicule formule promotionnelle : "La nouvelle romance de Kristen Stewart après Twilight". Autant dire, la plus mauvaise manière de vendre un film qui n'est déjà pas aidé par sa sortie en e-cinéma. Réponse à l'encombrement croissant des salles de cinéma, limitation des risques financiers... Le choix d'une sortie en format e-cinema (comprendre, en VOD) par les distributeurs est souvent motivé par une peur de manque de visibilité ou de succès. Peur que l'on a un peu de mal à comprendre avec Equals, qui, s'il suit une ligne narrative des plus classiques, est une très belle réalisation.
© Hyuk Jae Lee
Ce qui marque le plus dans ce nouveau film de l'américain Drake Doremus, (Like Crazy, Breathe In) c'est sa capacité à recycler toutes les références des genres qu'il y manie. L'esthétique glaciale et robotisée rappelle immanquablement celle de Thx 1138 et Bienvenue à Gattaca, les attitudes zombiesques de personnages vides et creux rappellent celles des personnages de The Lobster tandis que l'atmosphère générale, dont les couleurs rougeoient à l'apparition d'un amour naissant, fait aussi écho au Her de Spike Jonze. C'est à la limite du copier-coller, ce qui a pu déranger nombre de critiques, mais nous préférons y voir une révérence, hommage à tous les classiques du genre du cinéma d'anticipation dystopique.
© Jessica Forde
L'amour à l'épreuve des sens
Car s'il ne réinvente pas le genre, le réalisateur parvient à créer une atmosphère pétrie d'interdits tels, qu'à la parole entre les personnages se substitue un dialogue par les sens. Kristen Stewart (imprégnée des mêmes expressions que pour son rôle dans Camp X-Ray) et Nicholas Hoult (qui joue de façon similaire à son personnage dans Warm Bodies) nous offrent une prestation tout en touchés et respirations évocatrices. La communication amoureuse est remplacée par l'expression physique d'un sentiment brûlant, qui traverse les personnages de ses pulsions folles. Extrêmement sensuel, tout le film joue sur cette tension, très finement travaillée, qui rapproche les personnages autour d'une explosion sensorielle.
Alors, oui, Equals est un film qui suit une narration extrêmement clichée et se termine tout aussi peu subtilement. Pourtant, la tension sensuelle que le réalisateur parvient à maintenir jusqu'à la fin de sa réalisation est impressionnante, et parvient sans problème à rattraper le manque d'originalité d'un scénario porté par deux acteurs qui recyclent -bien qu'avec brio- un jeu déjà appris.
https://youtu.be/KnxQjPltFHM