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Critique de « Sauvages » un film de Tom Geens

7 avril 2016, par Untitled Magazine

Karen et John vivent dans un trou, en pleine forêt, perdus au milieu des Pyrénées. Ils évitent soigneusement tout contact avec le village voisin, mais lorsque Karen a besoin de médicaments, John croise le chemin d'André, un paysan du coin. Les deux hommes se lient d'amitié et John reprend goût à la civilisation, au grand désarroi de Karen, bien décidée à ne jamais quitter la forêt et leur douloureux secret…

Il s’agit du premier long métrage de Tom Geens. Son film a remporté le Hitchcock d’ Or, le Hitchcock du meilleur scénario et le Hitchcock du public au 26eme Festival du Film Britannique de Dinard.

Si le pitch du film paraît assez simple, le film soulève de nombreuses questions. Peut-on vivre en dehors de la civilisation moderne ? Sont-ce les biens matériels ou les relations humaines qui vont le plus manquer ? Peut-on se relever d’un grand traumatisme ?

Le mystère autour du couple est gardé assez longtemps, le spectateur sait qu’il s’est passé quelque chose de terrible qui a dû pousser ce couple à vivre en marge de la société, mais les éléments de réponse sont donnés avec parcimonie jusqu’au dénouement final. On pense beaucoup à "Blue Ruin" le film de Jeremy Saulniermais la psychologie des personnages est différente.

012039.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Eurozoom

On peut penser au départ que John et Karen sont seuls sur terre, mais le besoin de médicaments oblige John à se confronter et à confronter le spectateur à la réalité. A travers un évènement mineur, le réalisateur nous fait déjà comprendre que John peut sauver sa femme de la maladie mais pas de la folie.

Si le titre français « Sauvages » fait plus référence à la nature brute et le retour à l’état primaire, le titre original « Couple in a Hole » a plutôt un double sens : le trou dans lequel vit le couple, mais également le trou, l’impasse, le piège, la folie dans lequel le duo se retrouve coincé.

Les quatre acteurs du film sont étonnants de réalisme. Paul Higgins (John), qui campait un homme malmené dans la brillantissime série « Utopia », compose un héros complexe, qui ne veut pas laisser sombrer sa femme dans la folie. Il est piégé entre l’amour qu’il lui porte et le sentiment de culpabilité par rapport à leur secret. Doit-il la sauver ou se sauver lui-même pendant qu’il est encore temps ? Son envie de retourner à la civilisation devient trop forte et plus le temps avance plus il se rend compte qu’il ne peut pas s'en sortir seul. Il va devoir faire un choix pour sauver son couple, si ce n’est déjà trop tard.

012977.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Eurozoom

Kate Dickie, campe sa femme Karen. Les fans de « Game of Thrones » seront ravis de retrouver celle qui interprétait la formidable Lysa Arryn dans la série. L’actrice arrive à toucher avec ce personnage de femme anéantie qui décide de vivre dans un trou en plein milieu de la forêt. Bizarrement, c’est le fait de se retrouver seule qui va la pousser à sortir, comme si la présence de son mari la rassurait dans sa démence, et validait son projet fou. Sombrant peu à peu dans la folie, Karen semble être sur la voie de la guérison avant de replonger lorsqu’elle se rend compte que son mari lui ment.

014071.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Eurozoom

Les deux derniers personnages, Jérôme Kircher (« Les Revenants ») et Corinne Masiero (« Louise Wimmer », « De rouille et d'os », « Discount »), forment un duo de paysans qui essayent de s’en sortir non sans mal. Le retour du couple britannique dont ils étaient voisins va faire resurgir de vieux démons, et les renvoyer à leur propre solitude.

Même si la fin du film est ratée, Sauvages reste un film à part, traitant de la difficulté à se remettre d’un traumatisme comme rarement vu au cinéma. Avec un scénario bien construit, des images sublimes (le travail du directeur de la photographie Sam Care qui a notamment fait ses gammes sur les séries « Misfits », « Tunnel 2 » ou encore « Skins », est remarquable), le tout bercé par la musique intense du groupe britannique BEAK>, Sauvages s’impose peut-être déjà comme l’un des meilleurs films de l’année.

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