Hubert Jacquin (André Dussollier) est veuf depuis peu, il passe le plus clair de son temps dans son immense appartement à dormir devant sa télé. Un beau jour, suite à un quiproquo, Manuela (Bérengère Krief), une jeune et pétillante baroudeuse à la recherche d’un logement s’invite chez lui ! D’abord réticent, Hubert va vite s’habituer à la présence de cette tempête d’énergie, qui parvient même à le convaincre de loger deux autres personnes. Entre les errements de Paul-Gérard (Arnaud Ducret) que sa femme a quitté et les gardes à l'hôpital de Marion (Julia Piaton) la jeune infirmière un peu coincée, la vie en colocation va réserver à Hubert de nombreuses surprises…
Adopte un veuf est un film de François Desagnat, réalisateur entre autre de « La Beuz » et « Les 11 commandements ».
Attention ! Le titre peut s’avérer trompeur pour ceux qui pensaient avoir affaire aux tribulations d’un vieillard sur le site de rencontre éponyme. Ici, point de charmes utilisés ou de tchat sur internet, on est plutôt axés ‘Auberge Espagnole’ intergénérationnelle.
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Le casting surfe sur la vague des jeunes talents actuels de la scène ou de la télé, mêlés à des acteurs ayant déjà un peu de bouteille. Si André Dussollier est impeccable comme toujours, Bérengère Krief en fait des tonnes mais apporte une certaine fraîcheur au film. Les autres acteurs sont un ton en-dessous du duo évoqué, Arnaud Ducret notamment qui propose un personnage trop caricatural. Ce sont les second-rôles qui tirent leur épingle du jeu, avec notamment les interventions de Nicolas Marié, seul ami d’Hubert dans le film, qui sont les meilleurs moments du film. De même Blanche Gardin en boulangère pleine de bons conseils s’en tire très bien.
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Entre temps, on assiste à la régénération d’un veuf, qui verra sa vie changer du jour au lendemain sans l’avoir vraiment voulu. La vie en colocation n’a jamais été vraiment bien décrite au cinéma, seul « Libre et assoupi » de Benjamin Guedj réalisé en 2009 s’en rapproche le plus en gardant l’appartement comme un (presque) unique lieu de vie et d’action. La coloc’ d’Adopte un veuf aurait peut-être suffi à elle-même, malheureusement le film s’éparpille et se perd un peu en essayant de trouver une ou des failles à ses personnages.
Hubert devient comme le père de substitution de Manuela, on s'en rend vraiment compte au moment où elle ramène son petit ami à l'appartement. Mais le moment où l’absence d’avoir été père pour Hubert se ressent le plus reste la scène où il se retrouve à dîner avec le fils de Paul-Gérard, ne pouvant et ne sachant pas quoi faire d’autre que de raconter les vérités de la vie devant l’insistance des questions du garçon.
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Finalement, le vrai sujet du film ne serait pas la colocation en elle-même mais plutôt la solitude, pas seulement par le fait qu’Hubert devient veuf, mais aussi du fait qu’il soit à la retraite. Son travail lui manque presque autant que sa femme.
Passé les quelques courts moments vraiment drôles ou intéressants, le film ne s’élève jamais dans l’hilarité et ne descend jamais dans le drame non plus. Il prête à sourire voir même à rire de temps à autre, et ne cherche d’ailleurs pas plus. On passe plutôt un agréable moment devant ce film calibré pour plaire à toutes les générations, que l’on oubliera déjà quelques heures après l’avoir visionné.
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