En 2016, Pablo Briones, réalisateur et photographe argentin, réalise le court-métrage Pezcal, qui suit le quotidien de deux jeunes cubains, dans le village de Pueblo Textil. En 2017, il repart de son court métrage pour réaliser son premier long-métrage, Baracoa. Sélectionné à la Berlinale et au Film Festival de Malaga, Baracoa donne à voir les relations amicales entre jeunes garçons au creux de l’aridité des territoires délaissés de Cuba.
Dans la campagne cubaine, Leonel, 9 ans et Antuan, 13 ans, sont amis. Ils se retrouvent chaque jour, à errer dans leur village et à Baracoa, une petite plage à proximité. Livrés à eux-mêmes, ils confrontent leurs rêves, dans un pays en pleine évolution. Pablo Briones nous livre un film à la croisée entre fiction et documentaire, qui montre un Cuba hors des sentiers touristiques et l’amitié entre jeunes garçons.
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Désœuvrement cubain
Leonel et Antuan se retrouvent chaque jour de leur été, errant dans les environs de Pueblo Textil, une petite localité cubaine à proximité de la Havane. Ils sont de jeunes adolescents désœuvrés dans une ville populaire. A l’opposé du Cuba touristique, aux façades colorées et insalubres, le Cuba de Pablo Briones est fait d’habitat collectif en désuétude, de bassins de piscines vidés et d’usines désaffectées.
Dans un pays au rêve communiste déchu, où l’intégralité des équipements, bâtiments et équipements appartiennent à une puissance publique qui ne les entretient plus, Baracoa a le visage de l’abandon. L’économie cubaine reposant fortement sur une activité touristique, elle dessine une géographie des territoires où les espaces touristiques s’enrichissent, notamment grâce au système monétaire cubain ; et qui contrastent avec les territoires délaissés. C’est en montrant ces derniers, et leurs enfants qui jouent dans des voitures abandonnées, que Pablo Briones touche du doigt le format documentaire.
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Amitiés masculines
Pablo Briones désirait réaliser un court métrage avec un enfant, à Cuba. C’est en rencontrant ce tandem qu’il change son fusil d’épaule et réalise donc le court métrage qui a annoncé le long. Antuan a 13 ans et est assez réservé. Il est ami avec Leonel, 9 ans, plus extraverti et audacieux. Antuan doit partir rejoindre son père à La Havane à la fin de l’été et rêve de la grande ville, tandis que Leonel préfère explorer Pueblo Textil. Baracoa dessine la liberté des enfants à Cuba, et les rouages d’une vie communautaire très forte. Il montre aussi de manière délicate, la façon dont les jeunes garçons tissent des relations, et les codes masculins auxquels ils sont soumis. On y voit leur homophobie intégrée et les prémices d’une forme de performativité masculine, à une période charnière, celle de la naissance et la construction de sa personnalité.
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Baracoa est une fiction documentaire dont la construction rythmique très lente illustre à la perfection le quotidien d’Antuan et Leonel, son apesanteur et parfois son vide. C’est l’histoire de deux jeunes garçons qui investissent le vide laissé par l’absence d’adultes, l’absence d’équipements, l’absence d’investissements d’un pays à destination de sa jeunesse.
Baracoa, de Pablo Briones, sortie le 10 novembre en salles.