UNTITLED MAGAZINE
Un soir par an, à l’approche de l’été, les galeries du Faubourg Saint Honoré ouvrent avec Nocturne Rive Droite leurs portes aux néophytes, aux amateurs, aux curieux et aux acteurs du monde de l’art. L’équipe d’Untitled y a jeté un œil, manière de voir ce qu’il s’y passait.
D’emblée il faut vous dire que le quartier du Faubourg Saint-Honoré c’est un peu le H&M de l’art, mais en moins populaire. On y trouve des choses qui pourraient être jolies, mêmes si elles sont souvent copiées sur les plus grands mais qui restent d’une qualité douteuse. Les galeries du quartier sont en marge des mouvements actuels, un peu en retard parfois et souvent juste à côté de ce qui se fait. Les ensembles présentés, sortes d’expositions collectives, sont rarement cohérents et l’impression qui s’en dégage est assez maladroite. Certains artistes sont réellement mauvais et d'autres proposent des œuvres qui semblent sorties du temps. C’est en fait exactement le ressenti que l’on peut avoir, cette sortie du temps, ce retour en arrière : on se croirait dans le luxe des années 70. Espaces immenses, moquettes beige au sol, murs crème… la plupart des espaces sont à des années lumières des white cubes du marais et de saint-germain-des-prés. Pourtant, de cette atmosphère étrange et décalée, émane un certain charme, un charme marginal, saugrenu et maladroit. Dans ces amas disparates, nous avons tout de même trouvé quelques pépites que nous vous invitons à découvrir :
Le peintre et dessinateur Jean Jansem (galerie Flora Jansem) propose des portraits durs, aux traits crayonnés, aux couleurs harmonieuses et puissantes. Théâtres de vies, ses espaces chromatiques ne sont pas le lieu d’une recherche polie d’esthétique, ils sont simples et forts. Les traits sont vrais, anguleux et vifs, l’impression des corps n’est pas magnifiée, elle se veut simplement le reflet d’une certaine réalité. Chaque figure, chaque expression se revêt de candeur, d’innocence, de maladresse. Timidité et force se toisent, s’appréhendent et se charment dans ces tableaux où la pudeur imparfaite est sublimée.
Danseuse de profil, 1968, dessin aquarellé et lavis encre de Chine, 67x51cm
L’artiste japonais Takehiko Sugawara (galerie Tamenaga) réactualise la peinture traditionnelle du nihonga, utilisation de pigment naturel. Par l’image de cerisiers qu’il décline jusqu’à l’abstraction, il nous propulse dans une nature enchanteresse où la matière prend vie. Ses toiles grandes, imposantes, transportent le regardeur dans un monde tendre où beauté et poésie se passionnent l’une pour l’autre. La délicatesse des craquelures qu’engendre cette technique ancestrale s’allie à la douceur des couleurs, à la majesté du sensible.
Takehiko Sugawara, BD 68 - Usuzumitouka - 114x146 cm
Le sculpteur Alfred Haberpointner (Helene Bailly Gallery) est un artiste du bois. Il sculpte littéralement la toile, faisant d’éléments bruts la matière première de ce qu’il exposera. Il coupe, brûle, scie, décolore et repigmente le bois. Ses tableaux suspendus renferment la densité, l’intensité massive du matériau et l’on serait tentés d’avancer la main vers ce cœur végétal qui semble palpiter.
Alfred Haberpointner, W-XINT, 2014, 122x125 cm
Pour voir autre chose, quelque chose de plus imposant, de plus démesuré, plus dans l'air du temps, vous pouvez retrouver le travail de Melik Ohanion, prix Marchel Duchamp 2015.
Rendez-vous au quartier Saint-Honoré Métro : Miromesnil, Franklin D. Roosevelt, St Philippe du Roule, Champs-Elysées Clémenceau, Concorde
