La Fondation Villa Datris à Paris expose 25 artistes de sa collection autour de la pratique du recyclage. Critique politique et méthode de création, les déchets réutilisés sont devenu pour certains le matériau principal de leur travail.
La Fondation Villa Datris a été fondée en 2010 et ouvre un an plus tard un centre d’art dans une grande demeure provençale à L’Isle-sur-la-Sorgue. Ce sont alors 500m² entièrement dédiés à la sculpture contemporaine qui accueillent les visiteurs gratuitement dans les intérieurs et les jardins de la Fondation, qui expose principalement la collection des deux fondateur.ice.s, Danièle Kapel-Marcovici et Tristan Fourtine.
Vue de salle, Bienvenue dans l’ère du poubellocène, exposition Recyclage _ Surcyclage, Espace Monte-Cristo © Bertrand Hugues.
En 2014, la Fondation ouvre un lieu à Paris, l’Espace Monte-Cristo, dans le 20e arrondissement. La collection s’exporte alors et devient accessible au public parisien à travers des expositions thématiques variées, organisées chaque année.
Depuis la fin avril et malgré le confinement, une nouvelle exposition attend patiemment ses visiteurs. Après une première édition dans la villa de L’Isle-sur-la-Sorgue, l’exposition RECYCLAGE / SURCYCLAGE présente 25 artistes de la collection et autant de mediums variés, réunis autour d’un même thème abordant la question environnemental et la réaction des artistes face aux habitudes de consommation des sociétés modernes.
Les curateurs Pauline Ruiz et Jules Fourtine trace un parcours en quatre thématiques : Attention déchet, ne pas jeter !, Bouteille plastique à la mer, Oeuvres certifiées 100 % déchets, Bienvenue dans l’ère du poubellocène. Ces thèmes présentent les différentes façons dont les artistes répondent ou réagissent à la question environnementale.
HUSKY Suzanne, Forest, 2010, Collection Villa Datris, ©Bertrand Hugues
L’œuvre In Tissu de Julia López Mesa attire particulièrement l’attention. En créant une cabane faite de morceaux de tissus noués autour d’une structure de fer, elle matérialise un lien entre nos vêtements usagés et notre mémoire, proposant une fin alternative à des vêtements qui renferment encore quelque chose de précieux, nos propres souvenirs. Pour ancrer l’œuvre dans un contexte géographique précis, elle propose aux habitants de l’Est parisien de faire partie du processus de l’œuvre en donnant leurs vêtements et leurs propres récits personnels. Un projet à prévoir dès que les conditions sanitaires le permettront, une façon littéral de re-tisser le lien.
LOPEZ MESA Julia Maria, In Tissu (détail), 2020, Production courtesy de l'artiste, © Bertand Hugues
Occupant une place centrale dans cette exposition, une carte blanche à l’artiste Anita Molinero expose à travers une selection d’oeuvres son obession pour la matière et ses altérations. Inspirée par la science-fiction, Anita Molinero brûle, fond, tord ses fameuses poubelles ou encore des morceaux de polystyrène pour transformer ces « rebuts » en nouveaux objets. Floraison, paysage lunaire ou matière organique ; l’intervention ne souhaite pas cacher l’origine modeste du matériau, mais fige une transformation plus qu’un résultat.
Anita Molinero, Sans titre (Floraison pour Nollapa), 2017, Collection Fondation Villa Datris, © Bertrand Hugues
La variété des oeuvres exposées et le parcours thématique proposé aux visiteurs en fait une exposition accessible à tout type de public et nourrit un débat important sur la réponse des mondes de l'art à l'urgence climatique.
-- RECYCLAGE / SURCYCLAGE Espace Monte-Cristo 9, rue Monte-Cristo 75020 Paris www.fondationvilladatris.com jusqu’au 19 décembre 2021 entrée gratuite