L’espace Topographie de l’art apporte une vision contemporaine et conceptuelle de la photographie à travers son exposition « Déconstruction Photographique » à voir jusqu’au 12 novembre.
Contrecarrer un aspect trop lisse, se jouer des règles établies, repenser une technique ; la nouvelle exposition proposée par Topographie de l’art a des airs de rébellion. Ici, les artistes expérimentent l’usage même de la photographie. Le schéma classique - cadrage, prise, tirage - laisse place à une vision complètement fragmentée et déconstruite, révélatrice de nouveaux sens.
Déconstruire pour mieux réinventer
Les douze artistes participant à ce grand projet revisitent la notion de photographie à travers leur travail respectif. Chacun d’entre eux a envisagé une déconstruction singulière, parfois brutale, mais soulevant toujours une interrogation. L’image n’est plus seulement fixe ou unique, elle est poussée dans ses retranchements. Elle nous donne une autre représentation du réel et fait émerger de nouveaux enjeux.
Pol Bury (1922 – 2005), connu avant tout pour ses sculptures, a illustré cette idée par une série de photographies réalisée dans les années 60. Il crée à cette époque ses fameuses « cinétisations » à l'aide photographies qu’il découpe et recolle sous d’autres formes. Une technique qui a pour effet de créer un léger décalage et de donner une impression de vacillement.
© Pol Bury - Golden Gate
Dans une toute autre démarche, Joan Fontcuberta utilise des visuels tirés d’internet comme trompe l’œil symbolique dans sa série « Googlegramas ». C’est une mise en abîme impressionnante où les images choisies sont elles mêmes des photographies à la base, qui vont ensuite venir s’assembler pour créer une autre photographie. Chacune de ses œuvres est composée de 10 000 images dont la superposition va créer une sorte de bruit visuel. Joan Fontcuberta nous interroge ici sur ce modèle informatique qu’est internet ; un système réducteur malgré sa profusion d’informations.
© Joan Fontcuberta - Googlegrama
Quand la photographie se matérialise
Quelques-uns des artistes ont décidé de retravailler la photographie à travers un aspect matériel. C’est le cas de Christiane Feser qui nous convie à une remise en question de la photographie traditionnelle. Avec ses « Photoobjects », l’artiste fabrique à proprement parler ses visuels en trois dimensions par une méthode de pliage et de dépliage de tirages.
© Christiane Feser, Partition 54, 2016
Alain Fleischer, quant à lui, utilise des morceaux de miroirs flottant à la surface d’un bassin pour déconstruire la photographie. Son installation intitulée « Le Voyage du brise-glace » est un dispositif où les images diffusées vont se refléter sur les miroirs pour ensuite se projeter de manière fragmentée sur les murs. Ainsi s’ouvre une narration exploratoire de l’image, aléatoire et sans cesse renouvelée.
L’exposition Déconstruction Photographique propose une vision contemporaine et non conformiste de la photographie. Les œuvres présentées surprennent autant qu’elles questionnent et ce qui est sûr au sein de cet espace, c’est que la déconstruction est synonyme de nouvelles perceptions.
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Jusqu'au 12 novembre 2016
Topographie de l'art
15 rue de Thorigny 75003 Paris