Le Jeu de Paume dévoile le travail du photographe tchèque Josef Studek (1896-1976). Son exposition "Le monde à ma fenêtre" offre jusqu'au 25 septembre, une vision d'ensemble sur le travail d'une vie.
A travers une sélection de 130 clichés qui couvre l’ensemble de sa carrière située entre 1920 et 1976, l’exposition nous plonge dans l’intimité de Josef Sudek, dans son atelier, son jardin, et lors de ses balades nocturnes dans les rues de Prague. Sa fascination pour la lumière est à l’origine de quelques-unes des photographies les plus envoûtantes du XXe siècle.
Josek Sudek, la sensibilité comme moteur
Josef Sudek a commencé la photographie très jeune, dès l'adolescence. Appelé sur le front lors de la première guerre mondiale en 1915, il perd son bras droit. Il refuse alors un travail de bureaucrate pour se consacrer pleinement à la photographie, en reprenant des études dans une école d’art. S’ensuivent des années d’expérimentations photographiques. Ses premières expositions coïncident avec la maturité de son œuvre. A partir de 1940, il commence à exposer avec l'une de ses plus célèbres séries La fenêtre de mon atelier (1940 – 1954).
Les difficultés qu’il rencontre à transporter sa chambre grand format avec son handicap n’entameront en rien la passion inconditionnelle qu’il éprouve pour son activité photographique. Appelé aussi « le poète de la photographie », Sudek continuera de sublimer la nature, l’architecture, les rues et les objets qui l’entourent afin de mettre en lumière une forme de poésie du quotidien.
©Succession de Josef Sudek
Une inépuisable fascination
Travaillant généralement par projet ou par séries de photographies, Josef Sudek a pendant longtemps photographié son jardin de sa fenêtre. On y voit l’empreinte que laissent les différentes saisons sur la nature environnante, les métamorphoses de son jardin ou encore la buée et la rosée du matin qui transforment sa vision. A la manière d’un peintre, ses tirages nous rappellent la richesse visuelle des toiles impressionnistes, que la couleur aurait abandonnée.
©Succession de Josef Sudek
Fasciné par les rues de Prague, il sillonnait les ruelles de nuit. Homme discret et solitaire, il se laissait guider par son imagination et partait capturer l'intensité des parcs et des rues désertes. Sur ses tirages, les lieux banals du quotidien deviennent des endroits authentiques. La lumière est travaillée, jeu d'ombres et de clarté qui montre la vision sombre d’une ville sous l’Occupation.
©Succession de Josef Sudek
De nouvelles façons de voir les objets
En sus d’une expérimentation autour d’un monde extérieur, Josef Sudek s’est aussi tourné vers un univers intérieur, fait d’objets qu’il affectionnait. C’est dans son petit atelier-appartement que l’artiste sélectionnait ce qu'il allait photographier : plumes, papiers froissés, fruits, fleurs, chandeliers… Tout pouvait être sujet poétique. Ses compositions étaient toujours soignées et judicieusement éclairées, proches de son monde. En immortalisant son environnement par des natures mortes, à la fois esthétiques et intimistes, Josef Sudek laissait transparaître l'environnement qui le façonnait.
©Succession de Josef Sudek
Il s’est aussi ouvert à la photographie moderniste. L’une de ses premières expériences sera la photographie de meubles et d’objets conçus par le graphiste et designer Ladislav Sutnar. Le photographe adoptera un style épuré et géométrique, en jouant sur les angles et sur le reflet des surfaces. Avec cette série, Josef Sudek nous montre à quel point il a su se réinventer au fil de sa carrière, ce avec une certaine distorsion entre les mondes intérieurs et extérieurs.
Josef Sudek, Le monde à ma fenêtre, nous retrace le récit émouvant d’un photographe à l’identité singulière, qui a su apporter un peu plus de poésie à chacun de ses clichés.
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