UNTITLED MAGAZINE
Hans Peter Feldmann, artiste allemand, a toujours été fasciné par le quotidien, et plus particulièrement par les femmes et les objets, par les femmes et leurs objets. Il présente à la galerie des Galeries, jusqu’au 21 janvier 2017, un échantillon choisi de sa production.
Hans Peter Feldmann (1941-) est un collectionneur. Petit déjà, il amassait les images, se créant un monde fantasmé de l’ordinaire. Journaux et magazines participaient exclusivement de ses fonds de collecte. Tout au long de sa création, il a étudié et mis en lumière l’idée de cette image du quotidien que chacun peut éprouver. Finalement, il n’y a généralement rien d’extraordinaire dans la vie, et c’est justement cela qui émerveille l’artiste.
Le banal, un message pour tous
Le banal et la routine sont des notions que tous éprouvent, et Hans Peter Feldmann s’adresse à tous. Son art se veut ludique et accessible. D’ailleurs, dans le texte de présentation de l’exposition, il interpelle le spectateur et lui demande de ne pas lire, mais plutôt d’aller voir, d'aller se confronter à l'oeuvre. L'artiste est confiant, il sait que nous allons comprendre ce qui fait le monde et nous assure que nous n’avons besoin de personne pour nous l’expliquer. L'image du monde occidental, la représentation du monde et de ses objets, voilà ce qu'il travaille. Ces œuvres s’acheminent en séries, des séries d’escarpins, des séries de tableaux modifiés, grimés. Les visages sont absents et présentent des versions humoristiques de petits tracas exagérés (un rouge à lèvres qui bave côtoie une paire d’escarpins à la semelle remplie de punaises murales) et les objets mis en scène nous sont bien familiers (ustensile de cuisine, vêtements, accessoires...). L’artiste ne nomme ni ne date ses œuvres, les inscrivant dans une continuité que chacun se crée.
Le quotidien et l’ordinaire
Les objets présentés sont ceux que tous connaissent, permettant une assimilation et une identification immédiate. On entre dans un lieu où le quotidien est révélé dans sa plus pure grossièreté. Un amas de rasoirs jetables, une collection d’entonnoirs, des chapeaux de feutre, un mur de pot de fleurs artificielles, des vêtements… Tout ce qui peut être utilisé au jour le jour. Seulement, l’assemblage et la mise en œuvre de ces objets sont parfaitement esthétiques. Les objets que nous négligeons en deviennent beaux, d’une beauté folle. Le pli du coussin se fait gracieux, l’enlacement des rasoirs Bic aurait presque quelque chose de sensuel, et le contenu du sac d’une vieille femme est d’une intimité poignante. Une véritable sublimation du quotidien.
La pratique d’Hans Peter Feldmann est devenue incontournable dans sa capacité à montrer l’intérêt, la magnificence de ce qu’il y a de plus ordinaire. La question de la représentation collective est brusquée, déplacée, et se déploie dans la plus simple fascination.
Lips, 11 photographs mounted on board, Courtesy of the artist and 303 Gallery, New York
Birgit, doing her make-up, 73 photographs, Courtesy of the artist and 303 Gallery, New York
One dollar bill with red nose, Painting on paper, 6, Courtesy of the artist and galerie Martine Aboucaya
-- Hans Peter Feldmann, jusqu'au 21 janvier 2016 Galerie des galeries, 1er étage des Galerie Lafayette, 40 bd Haussmann, 75009 Paris Entrée libre
