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"La vérité sur la lumière", Audur Ava Olafsdottir

17 janvier 2022, par Untitled Magazine

Dans son nouveau roman, Ava Audur Olafsdottir écrit sur la lumière et son avènement à travers la figure de Dyja, sage-femme. Dans cette critique croisée à un entretien, l’auteure elle-même nous parle de ce roman et de ses oppositions. 

Dyja est une jeune sage-femme. Issue d’une filiation de sage-femme, elle apprend son métier au cœur de l’hiver, la période sans lumière en Islande. Sur elle plane la figure tutélaire de sa grand-tante, Fifa, grâce à laquelle elle apprit ce métier. Elle vit dans l’appartement de celle-ci. S’ouvre ainsi un roman à huis clos sur les femmes, la naissance mais aussi sur l’urgence climatique.

Un roman tout en opposition

Lorsque j’ai rencontré Audur Ava Olafsdottir pour parler du livre, on est en novembre, parmi les questions que j’ai préparées il y a celle sur les femmes et leurs émancipations. A l’instar, de Miss Islande, son roman précédent, la figure de Dyja est une femme forte qui semble s’émanciper par le travail de sage-femme. C’est un roman sur deux femmes, qui chacune à leurs manières, cherchent la lumière dans l’humanité.

L’action du roman a lieu en hiver, avant Noël, période la plus sombre dans le pays. C’est là, comme le fait remarquer l’auteure, que se joue la première opposition, celle entre la lumière et l’obscurité. Cette lumière est celle de la naissance, celle que fait advenir par son métier Dyja. Audur Ava Olafsdottir dit que pour faire une ôde à la vie, il faut en passer par la mort. En islandais, sage-femme signifie « mère de la lumière », cela parait évident donc « d’écrire un roman sur la lumière en ayant une sage-femme comme spécialiste de la lumière et de la nature humaine », comme le dit l’auteure.

« C’est donc une longue tradition familiale que de s’occuper de l’être humain aussi bien au tout début de sa vie que lorsqu’il arrive à sa destination finale, ce que souligne très justement ma mère. La branche maternelle prend l’homme en charge lorsque la lumière s’allume et la branche paternelle prend le relais lorsqu’elle s’éteint. »

C’est cette grande opposition qui régit le roman. Cette branche maternelle qui donne la vie et celle paternelle qui s’occupe de la mort. Un grand cycle qui finit par ramener la lumière à la fin du roman, celle qui dissout les mots.

Un roman sur l’homme comme animal

Tout en étant un roman sur la succession au sein de la famille de Dyja, c’est aussi un roman sur la succession des hommes dans le monde et particulièrement sur la planète. En héritant et en vivant dans la maison de Fifa, Dyja retrouve des textes écris par sa grand-tante, des textes qui portent sur l’urgence climatique, sur les changements qui s’opèrent, des plaidoyers en faveur des animaux. L’auteure dit qu’elle ne croit plus vraiment en l’homme mais en l’action, ce qu’elle essaye de mettre en œuvre en protégeant la vie des enfants. Le roman pose la grande question de l’éducation.

« On dit que l'homme ne se remet jamais d'être né. Que l'expérience la plus difficile de la vie, c'est de venir au monde. Et que le plus difficile ensuite, c'est de s'habituer à la lumière. »

L’auteure reconnait que « l’homme a besoin de la nature durant la fugacité de sa vie » et c’est le discours que l’on retrouve dans les écrits de Fifa. C’est l’homme comme animal qui est en jeu dans le roman, celui a replacer au centre de la nature nourricière que l’on doit respecter. Le personnage du touriste australien représente cet homme perdu dans la nature, dans l’expression de sa vie et sa voix et qui par sa recherche se reconnecte avec la lumière du monde.

« J'accueille l'enfant à sa naissance, je le soulève de terre et le présente au monde. Je suis la mère de la lumière. »

Ce roman est une ôde la vie dans sa lente progression vers le retour de la lumière sur le pays et sur la vie des hommes. Une ôde à la vie et à la nature ainsi qu’à celle de la nature humaine, sous le regard acéré de la narratrice dont les descriptions nous poussent à la réflexion. Un roman sur la succession et sur ce qui va advenir.

"La vérité sur la lumière", Auður Ava Ólafsdóttir (traduit par Eric Boury), Editions Zulma, 224 pages, 19,50€




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