UNTITLED MAGAZINE
Si ce n'est pour le fond, allez-y pour la forme. Car si ce biopic retrace pour une énième fois le parcours d'un artiste torturé et drogué, mélangeant la beauté de l'art avec le n'importe quoi de la débauche, deux acteurs se démarquent. Mieux encore, ils brillent tant ils sont justes.
Pierre Niney (Yves Saint Laurent) et Guillaume Gallienne (son amant et partenaire en affaire, Pierre Bergé) sont saisissants. A eux deux, ils forment un couple sulfureux, dépendants l'un de l'autre, sans pour autant se jurer exclusivité. Yves Saint Laurent est jeune, 21 ans. Et déjà, il reprend les rennes de la maison Dior, suite au décès du créateur.
Avec son talent, il s'impose. Pas besoin de se justifier. Parfois, il se trompe, et c'est un élément essentiel de notre béatitude. On aime ceux qui réussissent dans l'adversité, dans l'épreuve et parfois dans le désespoir. Simplement parce que c'est réaliste, et que le chemin n'était pas tracé par avance, la cuillère en or dans la bouche, le porte-monnaie qui déborde et le talent inné qui ne demande aucun acharnement, ni aucun découragement.
Ce film est donc la preuve de ce que l'on pensait déjà savoir : peut-on être un génie sans être torturé ? Probablement pas.
Le talent hors norme du créateur pousse également les limites d'une vie normale. Plus il crée, plus il s'impose, plus il réussit et plus il provoque sa déchéance. Comme un équilibre naturel entre le succès qui vous projette dans les hautes sphères, et la dépression qui vous ramène sur terre. Le tapis rouge et le trottoir glissant à la fois.
On va voir Yves Saint Laurent pour la beauté des costumes. Pour le charme de ce couple ravageur et passionnée. Pour le talent de l'artiste. Et enfin pour la leçon de vie d'un génie torturé, charmant et flippant à la fois.
