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Stéphane Couturier : le refus moderne de l’objectivité photographique

23 décembre 2016, par Untitled Magazine

La Galerie Particulière présente Anaklasis (« réfraction » et « réflexion » en grec), une exposition des clichés de Stéphane Couturier qui questionnent l’histoire de la photographie et l’histoire des mutations urbaines. Malgré un accueil de la galeriste aussi froid et impersonnel que le blanc des murs, les photographies de Stéphane Couturier méritent que l’on s’y attarde quelques instants.

Une dizaine de clichés du photographe français Stéphane Couturier sont exposés dans le traditionnel white cube faisant parfaitement ressortir leur force évocatrice. Ces photographies, réalisées entre 2009 et 2016, font partie de plusieurs séries dont « Melting Point », « Alger », « Melting Point - Alstom » et « Landscaping ».

Stéphane Couturier, Alstom – Belfort, 2009, © Stéphane Couturier Stéphane Couturier, Alstom – Belfort, 2009, série Melting Point - Alstom © Stéphane Couturier

L’objectivité de la photographie : une problématique infinie

Dès sa création et son appropriation par les artistes, la photographie et sa supposée objectivité engendrent la polémique. Alors que pour certains, la photographie n’est qu’une tromperie puisqu’elle est fondamentalement subjective et objet de manipulations, elle est pour d’autres, le plus pur enregistrement de la réalité. Au tournant du XIXe et du XXe siècles, on trouvait, en marge de la peinture, le courant Pictorialiste et son idée selon laquelle l'art photographique doit feindre la peinture, à l’aide d’un travail manuel au moment du tirage. Peu de temps après et sentant l'engouement pictorialiste se déliter, les artistes du groupe Photo-Secession menés par Stieglitz, vont modifier leurs pratiques en prônant une conception plus mécaniste du médium. Cette approche photographique mettant en avant la vérité du procédé, est appelée la Straight Photography. Pourtant, cette photographie pure n’est en rien un simple enregistrement de la réalité puisque chaque cliché est l’oeuvre d’un artiste, avec sa perception du monde, ses émotions et ses envies.

Stéphane Couturier, Chandigarh, série Melting Point, 2006-2007, © Stéphane Couturier Stéphane Couturier, Chandigarh, série Melting Point, 2006-2007, © Stéphane Couturier

L’imposture visuelle

Cette querelle est l’une des préoccupations centrale du travail de Stéphane Couturier qui semble rejouer la question de la réalité et de l’impression de réalité. Entre une pratique documentaire qui se voudrait la plus neutre possible et une pratique artistique reprenant l’esthétique de la peinture d’avant-garde, Couturier bouleverse notre horizon d’attente. Avec une compartimentation des couleurs et des formes, on pourrait voir une version moderne des toiles de Mondrian. Il propose des clichés extrêmement riches en détails de la vie de tous les jours tels que le linge aux fenêtres, les paraboles, les dégradations des murs qui apportent de la vie autant que de l’absence. Alors que ces photographies affirment leur planéité et leur caractère artificiel, les montages de Couturier provoquent un trouble, entre vraisemblance et imposture.

Stéphane Couturier, Alger, Titanic - Partie 3, 2013-2016, © Stéphane Couturier Stéphane Couturier, Alger, Titanic - Partie 3, 2013-2016, série Alger © Stéphane Couturier

La superposition du monde

Stéphane Couturier est connu pour ses photographies d’archéologie urbaine d’Algérie, du Mexique ou encore du Brésil, immortalisant et questionnant les mutations des paysages urbains et naturels. La dizaine de photographies présentées dans cette galerie permet de se rendre compte de la puissance visuelle que Couturier est capable de créer. Encadrées comme des tableaux, ces photographies grand format acquièrent une noblesse toute particulière. L'artiste crée des niveaux de stratifications, de surfaces et de plans totalement artificiels dont le rendu est si naturel qu’il en devient déroutant. Entre jeux de composition, de superposition et de construction, le visiteur est actif tant dans le processus de déconstruction de l’image que dans le constat qu’il faut en faire.

__ Anaklasis, jusqu'au 28 janvier 2017 La Galerie Particulière, 16, rue du perche, Paris, 75003 Entrée libre du mardi au samedi de 11h à 19h




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