Alors que son film, « Steak (R)évolution » est en salles depuis le 5 novembre, Franck Ribière a répondu à nos questions.
Pourquoi avoir choisi ce thème ? La viande a toujours fait partie de mon alimentation et je ne me suis jamais vraiment posé de question. En mangeant de la viande aux USA je me suis rendu compte de la différence avec la viande française et j'ai voulu comprendre pourquoi. Il y a un paradoxe à être omnivore aujourd'hui et j'ai aussi voulu essayer de comprendre.
Comment se sont passés les repérages et le tournage ? J'ai rencontré des gens passionnés et passionnants qui m'ont rassuré. L'avenir est à une consommation mesurée de contrôlée de viande de qualité et je ne veux pas dire uniquement de la viande saine mais surtout de la viande bonne, tendre et goûteuse issue de petites exploitations locales, élevant des vaches qui se nourrissent de leur paysage. C'est un film familial que j'ai entièrement réalisé avec Verane Frediani qui a produit et monté le film, co-écrit le scénario et le livre qui est édité aux éditions de la Martinière. Pendant le tournage j'ai perdu mon père et vu naître ma fille Valentina. Tout est lié. J'ai fait ce film pour rendre hommage à ma famille. Le tournage restera inoubliable grâce aux gens que j'ai rencontré, leur passion communicative et leur confiance.
Alors qu’il y a de plus en plus de magazines spécialisés (Beef) et des restaurants « steak house », cela signifie-t-il que le bœuf est devenu le meilleur ami de l’homme ? Le bœuf n'est pas l'ami de l'homme mais lui a permis à différents instants de son évolution. Aujourd'hui nous n'avons pas forcément besoin d'en manger. Moins nous mangerons de viande, meilleure elle sera. Le modèle de production industrielle de la viande n'a aucun avenir, dans cinquante ans on en rira. Les vaches vont revenir dans les près et les barquettes de viande disparaîtrons des grandes surfaces. Les champs de céréales serviront à nourrir les êtres humains et l'herbe les vaches. Il faut aussi faire attention de ne pas tomber dans l'effet mode du steakhouse ou du steak / hamburger haut de gamme. Ce ne doit pas devenir un moyen de cacher les problèmes de la filière. Aujourd'hui on vous y sert de la black Angus américaine en vous faisant croire qu'elle est bonne! Elle l'est mais c'est son modèle de production qu'il fait combattre. Nous perdons nos éleveurs et les américains se frottent les mains.
Quel regard avez-vous sur notre consommation de viande ? La France est-elle toujours un fleuron en matière de gastronomie ? La France a vécu sur sa réputation et aujourd'hui ça bouge mais ailleurs. La bonne bouffe a tendance à se démocratiser et à se simplifier. C'est très important. France, ex grand pays de la bouffe s'est replié sur lui même, aujourd'hui ça bouge en Espagne, en Scandinavie... Comme toujours nous passons très facilement de modèle à dernier de la classe. On n’a pas voulu voir que les modes de consommation on changé, les goûts ont évolué et les consommateurs se sont musclés! C'est bien dommage mais j'ai vu une nouvelle génération qui semble plus enclin à se battre et innover.
Le meilleur steak du monde est-il une utopie ? Il n'y a pas de meilleur steak au monde car il dépend principalement des gens avec lequel vous le mangez.
Que pensez-vous de la ferme aux 1000 vaches et de ce mode d’agriculture intensif ? Il n'y a aucun avenir pour la fabrication industrielle de la viande il faut revenir sur terre. La viande est un produit d'exception qui doit être réservée à une utilisation festive et partagée. Il faut produire localement des races, mixtes qui se nourrissent de leur qui puissent être consommées localement en développant la vente directe.
Comprenez-vous les modes d’alimentation végétarien et végétalien ? Les végétariens, je comprends tout à fait leur analyse et même la partage sur beaucoup de points. Après, tout est un choix personnel et je n'ai pas fait ce film pour les convaincre.
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