Bruno Kerjen, 35 ans, est persuadé que rien d'important ne le précède et ne lui succèdera. Pour lui, la vie est une boucle qui embrasse le passé et l'avenir. Et la mort, du sable emporté par le vent.
Bruno travaille dans une boite de composants électronique à Paris et loge à Vitry. A l'annonce du décès de son père, il se rend dans sa ville d'origine, Saint-Servan. L'occasion de renouer avec les souvenirs du passé : son pote de toujours "Guilou" mais surtout Marlène. L'incarnation du rêve et du désir de sa jeunesse. Notre personnage est un homme inaccompli sexuellement. Il ne partage pas sa vie avec une femme et par compensation, il s’adonne au « hard telling ». Marlène est donc le seul espoir pour ce nihiliste convaincu.
Dans ce 14e roman, Nina Bouraoui s'intéresse aux hommes lambdas, aux mecs pas très beaux mais pas moches non plus, pas brillants mais débrouillards, satisfaits de leur condition sans jamais penser à évoluer.
On peut tout de même soulever cette question : l’échec émane-t-il de l’essentialisme ou de l’existentialisme ? Est-on condamné à être un loser toute sa vie ou bien pouvons nous agir et changer via nos actes ? Bruno Kerjen est un homme "Standard" qui se laisse entrainer dans une vraie spirale illusionniste. Un anti héros au langage très prosaïque, représentatif de notre époque qui traverse à la fois une crise économique et sociale.
Standard, Nina Bouraoui aux Éditions J'ai Lu, 250 pages, 7,60 euros.