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Rester vivant, Michel Houellebecq au Palais de Tokyo

23 juin 2016, par Untitled Magazine

Du 23 juin au 11 septembre 2016, Michel Houellebecq investit le Palais de Tokyo. Au plus près de ce qu’il est, il offre une exposition pleine de poésie scénographiée par le président du musée, Jean de Loisy. Rester vivant, mot d’ordre à mâcher, penser, et digérer.

Michel Houellebecq, l’art au cœur

Rédacteur en chef le temps d’un songe au magazine des Inrockuptibles, réalisateur de La Possibilité d’une île (2008), romancier bien sûr (Les particules élémentaires, Renaissance, Extension du domaine de la lutte, Soumission…), essayiste (Rester Vivant, Interventions…), chanteur et compositeur, Michel Houellebecq est partout. Qu’on l’aime ou non, d’aucun ne pourra contester qu’il remue et les foules et les méninges.

Invité du Palais de Tokyo, c’est aujourd’hui au cœur de l’art le plus contemporain qui soit, qu’il prend pied. Photographe depuis les années 90, l’art est omniprésent dans son travail : profusion de médium, omniprésence dans ses écrits. Si Jean de Loisy s’est occupé de la scénographie, c’est l’écrivain pluriel qui s’est soucié de chaque détail, de chaque couleur, de chaque ambiance.

PicMonkey Collage A gauche : Michel Houellebecq, Je n’avais. Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris - A droite : Michel Houellebecq, Mission #020. Tirage pigmentaire (2016) sur papier Baryta Contrecollé sur aluminium 51,1 x 75 cm Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris

Une exposition plurielle

La progression se fait à pas feutrés d’abord, puisant dans les sources d’une réflexion sombre. Cyniquement elle évolue vers un désir humoristique d’illumination des consciences et débouche enfin sur un état personnel, intime.

C'est sur cette trame de fond que se dessine le parcours : un portrait d'artiste, le sien, celui de Houellebecq. L'entrée de l'exposition se fait sur une photo prise de la fenêtre de son appartement dans le 13eme, y sont inscrit les mots "Il est temps de faire ses jeux". De quoi mettre à disposition ce qui nous est donné de façon à ce qu'on l'ingère, manière frontale de nous imposer la prise de position.

Espagne_003_pressPDT Michel Houellebecq, Espagne #003. Tirage pigmentaire (2016) sur papier Baryta Contrecollé sur aluminium 73,4 x 50 cm Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris

Œil acerbe qui critique la race humaine, l'occultant physiquement de ces paysages photographiques et n'offrant que des étendues désolées. Un désert humain marqué pourtant par des constructions, par une présence néfaste. L'ambiance, en premier lieu, est lourde. Lumière sombre, phrases prophétiques accablantes. Idée toujours assumées, comme l'est son discours, que la race humaine détruit plus qu'elle n'apporte. Son regard accusateur vis-à-vis d'un monde hypocrite où le bonheur feint dans la surconsommation éclate dans la "Salle du tourisme". Publicités nasillardes, photographies colorés de paysages typiques et assurément kitsch, sol fait de sets de table qu’on trouve dans les offices de tourisme, tous les ingrédients rappelant les mauvais côtés d'une France pittoresque.

Une seconde partie, transitée par une salle d’attente, sorte d’antichambre, fait appel aux pensées tout aussi constitutives de l’artiste mais sur un versant plus sensibles. L’intime est traité par sa collaboration avec le peintre Robert Combas qui, inspiré par les poèmes de Houellebecq, livre une partie de ce qu’il est, de ce qui les lie.  Les notions de désir et d’érotisme sont interrogées dans une mise en espace imaginée par Maurice Renoma. Et enfin, la question de l’amour absolu vient terminer ce voyage intérieur. Ce dernier point est étrangement abordé puisqu’il est traité à travers le personnage de son défunt chien, Clément. Oui, l’amour fou d’un chien, placé juste après l’érotisation du corps de la femme peut surprendre, mais il y a du vrai dans ce dévouement canin absolu. D’autant plus que Clément fut un sujet de discorde et de garde partagée pour Michel Houellebecq et son ex-femme. N’y aurait-il pas là-dessous une pensée bien forte sur l’enfance, les divorces, et l’éducation ? On ne sait jamais vraiment avec Michel.

PicMonkey Collag e A gauche : Michel Houellebecq, Dans les bras (II). Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris - A droite : Michel Houellebecq, Cliffs of Moher. Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris

Quoi qu’il en soit, le propos, bien que parfois déconcertant, soulève de vrais questionnements : la place de l’homme sur terre, la trace qu’il y laissera, l’appréhension de la notion d’intime, celle sur le désir et celle sur l’amour, la dévotion. L’exposition se termine sur cette affirmation « Nous habitons l’absence », de quoi nous plonger dans le désarroi et qui nous pousse incompréhensiblement à rebrousser chemin.

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Rester vivant, jusqu’au 11 septembre
Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, 75116 Paris
 


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