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Peut-on aller à l'encontre de notre destinée? Mademoiselle Julie ou l'héritage de la vie.

11 septembre 2014, par Untitled Magazine

Mademoiselle Julie est l’adaptation cinématographique de la célèbre pièce norvégienne d’August Strindberg (1888). On y raconte les évènements d’un conte dramatique nocturne entre une jeune aristocrate, Julie, John le valet de son père et, Samantha, la cuisinière du domaine familiale. La lutte des classes, la lutte entre les sexes, les rapports de pouvoir et de domination sont les mots d’ordre de Mademoiselle Julie.

Un film. Un trio. Un chef-d’œuvre.

Le film nous plonge dans un huis clos où la tension théâtrale est à son paroxysme. Tant en ce qui concerne l’isolation la plus complète des trois personnages du monde extérieur (il n’y a ni figurants ni personnages secondaires) que sur le choix de confrontation des sujets… Amours impossibles, guerre des sexes, affrontement des classes sociales ou encore de la place de l’homme face à sa destinée, face à sa fatalité.

Miss Julie - Jessica Chastain, Colin Farrell Wallpaper

La belle Julie a la vie devant soi et pourtant elle porte en elle une immense mélancolie. Solitaire, femme fatale, elle n’a jamais vraiment eu le goût de vivre. Elle perd sa mère très tôt et celle-ci lui apprend à être avant tout indépendante, à instaurer sa propre loi et à ne jamais devenir l’esclave des hommes. Malgré tout, on se rend compte que Julie ne cherche désespérément qu’à aimer et se faire aimer. Cependant, elle ne cesse de jouer avec le feu, de pousser ses limites jusqu’au bout. Ce soir-là, elle perdra sa virginité avec le charmant valet de son père, John.

Un homme doté d’une très grande ambition et dont sa vie se résume à un combat. Son souhait le plus cher est de grimper l’échelle sociale, de devenir comme le père de Julie, riche et socialement élevé. Or, John est promis à la cuisinière de la maison, Samantha - une femme simple qui accepte sa destinée dans ce monde puisque c’est ainsi. Elle incarne la foi, la femme religieuse, en paix avec elle-même. D’ailleurs la cuisinière sera la seule à ne pas connaître les altercations violentes et la fatalité qui découlera de la transgression des règles établies.

Le comportement de John rappelle celui des personnages de L’Ile aux Esclaves de Marivaux où les domestiques calquent leurs maîtres, les prennent comme modèles et les envient pour finalement se rendre compte qu’ils sont tout aussi malheureux qu’eux - le dominé qui espère dominer. John refuse sa condition de domestique et en paiera les frais, il deviendra le pantin de la belle Julie lorsque celle-ci réussira à mettre en scène son issue tragique.

mademoiselle-julie-critique-film-liv-ullmann-jessica-chastain-colin-farrell-la-critiquerie-2014

Le film montre que l’homme se bat contre les dualités, les ambivalences des rapports, l’ambiguïté même de la vie. Qu’il y a constamment un choc entre deux entités, entre la haine et l’amour que se portent mutuellement John et Julie ou encore entre le désespoir et le désir qui animent Julie. Ils expriment tous à leur manière un besoin d’être vu, d’être visible aux yeux du monde, d’être aimé pour ce qu’ils sont au plus profond de leurs êtres et non pas pour ce que le monde extérieur voit en eux. Comme si finalement le problème de notre humanité est cette quête d’être entendu et d’être compris.




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