Au musée Marmottan s’entretient jusqu’au 22 janvier 2017 un dialogue à trois voix : par l’exposition Peindre l’impossible, Holder, Monet et Munch sont mis en résonance. Trois parcours qui ont en commun d’avoir tenté l’impossible, qui ont voulu repousser les limites de la représentation picturale.
Peindre l’impossible est un pari que bon nombre de peintres se sont essayés à relever. Avant les expérimentations abstraites d’après la Révolution artistique du XXème siècle, les peintres impressionnistes s’engagent dans la matérialisation de ce qui mêle perceptions, ressentis et sentiments. Peindre l’impossible tente de retracer ces ambitieux essais au travers de trois figures emblématiques du XIXème siècle.
Ferdinand Hodler, Le Lac de Thoune et la chaîne du Stockhorn 1904, Huile sur toile, 71 x 105 cm, Collection Christoph Blocher
Du minéral au chromatique
L’exposition aborde les parcours croisés de Ferdinand Hodler (Suisse, 1853-1918), Claude Monet (France, 1840-1926) et Edvard Munch (Norvège, 1863-1944). Peintres aux multiples appartenances, venus de pays différents, ils ne sont pas attachés aux mêmes courants. Pourtant, ils sont tous trois empreints des mêmes aspirations : représenter ce qui ne peut l’être vraiment. L’exposition est thématique et reprend les sujets que chacun a traité. Ils se détachent peu à peu d’une représentation où le réalisme était encore bien ancré dans l’idée même de représentation. Du sublime des montagnes et de leurs crêtes imposantes au rendu changeant des lumières, en passant par la délicatesse et l’élégance du manteau neigeux, la brillance du soleil et la fougue de l’eau imprévisible, les peintres ont cherché à capter, à transcrire ce qu’offrait leur perception.
Claude Monet, Paysage de Norvège. Les maisons bleues 1895, Huile sur toile, 61 x 84 cm, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library
La perception, étendue diffuse de réflexion
Le besoin de montrer et l'urgence de jeter sur la toile les formes mouvantes d’une nature souveraine émanent des œuvres présentées. Représenter et donner à voir, voilà les deux idées maîtresses de ces magnifiques travaux. L’exposition replace le contexte historique de production, l’idée d’exploration du monde en progrès constant qu’ouvrent les perspectives de la période : la fin du XIXème siècle et le début du XXème signent un gigantesque bon dans les avancées techniques. Ce parti pris de remise en contexte est essentiel mais il ne s’associe que très peu à une prise de hauteur plus raisonnée, primordiale à cette époque. L’étude de la nature s’enrichit des découvertes scientifiques. Les hommes recommencent doucement à se pencher sur ce qu’ils sont, sur ce qui fait leur essence propre. La révolution artistique est là, dans ces questions de représentation et de perception. Elles sont survolées avec quelques œuvres de Munch qui se représente déclinant, perdant la totale maîtrise de ses sens. Mais l’impossible représentation n’est que trop peu engagée.
Edvard Munch, Neige fraîche sur l’avenue, 1906, Huile sur toile 80 x 100 cm, Oslo, Munchmuseet / Photo © Munch Museum
Une exposition aux œuvres magnifiques et à l’ambiance feutrée qui nous transporte dans un entre-temps doux et puissant. La mise en valeur est sublime et propice à la réflexion. Bien que les thématiques soient bien pensées, on semble être timidement poussé vers un quelque chose un peu diffus qui ne vient pas. Un peu courte, l’exposition laisse sur sa faim, ce qui n’enlève rien au propos passionnant. Mais une impulsion plus ouverte à la philosophie et à la pensée en mouvement qui qualifiait cette période aurait été plus que plaisante.
-- Peindre l’invisible, Jusqu’au 22 janvier 2017 Musée Mormottan-Monet, 2 rue Louis Boilly, 75016 Paris Plein tarif : 11€ - Tarif réduit : 6,50€