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Paul Klee, douce morsure au centre Pompidou

15 avril 2016, par Untitled Magazine

Le centre Georges Pompidou présente jusqu'au 1er août 2016, sous le commissariat d’Angela Lampe, une sublime rétrospective orientée de l’œuvre de Paul Klee (1879-1940). La lumière est portée sur les contrastes, l'ambivalence et sur la duplicité de la pratique d'un artiste inclassable.

Première exposition dédiée à l’artiste depuis les années 1970, elle rassemble de précieux travaux n’ayant, pour certains, jamais été présentés en France. L’Angelus novus n’est, par exemple, que très peu vu et ne sera autorisé à être présenté que deux mois. Tour à tour caricaturiste, cubiste, dadaïste, romantique bien sûr, constructiviste un temps et engagé sur la fin de sa vie, le dualisme de l’œuvre de Paul Klee fait ici état chronologiquement de l’étendue de son travail.

Une pratique tisée de contrastes

Son tracé fin et délicat n’enlève en rien les sujets durs, grotesques parfois et majoritairement décalés de ses débuts. Les masques, les figures, les caricatures animent ses premières œuvres. Très vite, il s’éprend de l’aquarelle et de l’encre et glisse vers des sujets doubles et mordants : nus, questionnement sur les sexes, ironie omniprésente... Son humour cinglant heurte magnifiquement la douceur et la poésie de son trait. De magnifiques planches d’illustrations racontent le Candide de Voltaire, dans un souffle d’une justesse folle, philosophique et brutale.

A contre courant mais dans le vent

La rencontre avec Delaunay et Picasso influence son travail, le fait évoluer vers une forme plus angulaire, plus pleine. Pourtant les désarticulations, les asymétries et les difformations restent exprimées avec délicatesse. Fasciné par l’art de son temps, il le trouve cependant trop conventionnel et trop structuré. Il reprend le thème du cubisme et le libère, créant, découpant littéralement les formes, plaçant des effets de distanciation, prenant toujours le contrepied de ce qui était cadré et borné. Peintre de son temps, il est fasciné par le progrès et la mécanique. Il reste dubitatif quant aux nouvelles technologies et porte dans son œuvre la satire d’un art qui commence à s’orienter vers la dénonciation. La nature a d’ailleurs une résonance assez magistrale dans son œuvre et ressort par touches tout au long de l’exposition : Croissance des plantes (1921), Roseraies (1920), La Belle jardinière (1939)…

L’ailleurs le passionne, l’Afrique l’attire et après un travail sur la langue, sur l’idiome, sur la lettre, il retourne à une figuration proche de celle du cubisme. Il saute d’échelle et passe du petit format à des peintures plus imposantes. La fin de sa vie sera marquée par la guerre, par la violence qu’il constate en Allemagne, par la montée du nazisme et par cette figure tyrannique et horrifiante qu’est Hitler. Ses dessins seront alors engagés, et l’innocence de ses débuts, se trouvera affectée par la mort, par la maladie et par la cruauté.

Technique multiple et double lecture

Toutes ces œuvres sont plurielles aussi bien dans leurs propos que dans leurs techniques. Paul Klee touche à l’éventail multiple de la peinture et du dessin : eaux fortes, aquarelles, collages, découpes, peinture sous verre, plume sur papier et sur carton, pastel, gouache, stylo… Un travail où la douceur et la patience transparaissent mais traitent avec force, vigueur et rage de sujets ambigus. Il déplace les idées reçues, les transforme pour en faire tout autre chose : un rond devient un bocal, les quadrillages chers à l’école de Bauhaus deviennent des champs vus d’en haut. Paul Klee détruit les codes, à l’étroit dans des lignes trop durement esquissées.

Une exposition qui, bien que très classique par sa présentation chronologique, se permet de petites libertés scénographiques : quelques ouvertures dans les cimaises, du noir et du blanc pour habiller les murs de couleurs contraires, échos à l’ambivalence de l’artiste. Une déambulation réfléchie et souple qui rend grâce à un artiste incroyable.

Centre Pompidou 75191 Paris cedex 04 Jusqu’au 1er août 2016




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