Un piano, des pupitres et une unique actrice, voilà ce à quoi il faut s’attendre lorsqu’on achète une place pour la pièce d’Eva Gruber présentée en ce moment au Lucernaire : On avait dit pas la famille. Le pitch : une chanteuse lyrique attend sur scène son pianiste qui ne viendra jamais. Elle profite de cette occasion pour raconter sa vie et celle de sa famille, sur fond d’histoire juive et de folie.
Il faut s’accrocher si on veut suivre de bout en bout l’histoire de cette Eva et des membres de son clan. Dans un récit qui ne s’arrête quasiment jamais, heureusement scindé par quelques vocalises magnifiquement interprétées, la chanteuse nous raconte son enfance et dresse le portrait des membres de sa lignée avec une subjectivité qui peut plaire ou non. Au gré de la mosaïque de visages qui nous sont introduits, il est parfois question de gâteau du dimanche, de prostituées à Pigale, d’œuvre de Freud et de Californie.
Le problème du parti pris de la voix unique sur scène, c’est le risque d’une certaine redondance et d’une vision des choses plutôt fermée. Le spectateur, qui n’a pas de témoignage autre, se voit imposé une critique des sujets de la narratrice sans qu’on leur donne les moyens de se défendre. La mise en scène, minimaliste, est quant à elle suffisante. Grâce à l’actrice, les pupitres semblent prendre vie et lors d’une scène d’une beauté inattendue, le piano fait danser la fumée et les lumières.
Un grand bravo à Eva Gruber également, qui donne au sujet un peu facile toute sa vivacité et dont l’interprétation, entre chants et chorégraphie, est une totale réussite.
On avait dit pas la famille Une pièce d’Eva Gruber Avec Eva Gruber Mise en scène Estelle Lesage
Jusqu’au 9 mai 2015 au Théâtre du Lucernaire. 53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris Infos pratiques ici.