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Matthew McConaughey : Itinéraire d’un playboy lassé

10 février 2014, par Untitled Magazine

387108La première question qui vient en tête lorsqu’on évoque le nom de Matthew McConaughey est la suivante : comment l’immense acteur qu’il est aujourd’hui a-t-il pu rester pendant de si longues années, cantonné à incarner des personnages insipides dans des films aussi vite oubliés que sortis. Retour sur la carrière d’un monstre d’acteur, aux antipodes du parcours classique hollywoodien.

Né à Uvalde, petite ville du Texas, en 1969, Matthew McConaughey fait ses débuts aux cinémas en 1993. Il ne lui faut pas longtemps pour se faire remarquer, puisqu’en 1993, Dazed and Confused (Génération rebelle) le révèle au grand public. Le film est signé Richard Linklater, réalisateur texan avec qui il collaborera à plusieurs reprises. Ce succès marque le début d’une décennie qu’il traversa avec l’étiquette de jeune espoir du cinéma américain. Belle gueule, sourire charmeur, répartie subtile, Il enchaine les projets ambitieux, étoffant son CV sous la direction de cinéastes de renoms. Il diversifie les genres, valse entre comédies, drames, et thrillers. A Time to kill (Le droit de tuer ?) de Joel Schumacher en 1996, Contact aux côtés de Jodie Foster en 1997. La même année, il rejoint le Amistad de Steven Spielberg, avant de retrouver Linkalter pour Le Gang des Newton en 1998, et terminer les années 90 sur le satirique EDtv de Ron Howard.

En suivant l’évolution traditionnelle d’un jeune acteur en vogue, McConaughey aurait pu (du) exploser à la face du monde dans les années 2000. Suivre le parcours des Matt Damon, Leonardo DiCaprio, Tom Cruise, ou Brad Pitt, devenus les icônes du cinéma américain après avoir fait leur preuve dans les années 1990. Comme eux, McConaughey aurait oscillé entre des navets lucratifs et quelques films plus profonds pour étoffer sa carte de visite. En lieu et place de quoi il traversa la décennie suivante sous les méconnaissables traits d’un playboy pour minettes. A l’exception de Tonnerre sous les tropiques (2008), délire plutôt convaincant de Ben Stiller, McConaughey a littéralement impressionné par sa capacité à enchainer les films minables et comédies romantiques creuses.

hante-par-ses-ex-ghost-of-girlfriends-past-17-06-2009-01-05-2009-3-g Matthew McConaughey dans Hanté par ses ex

Durant cette période, sa filmographie à cela d’ironique qu’elle ressemblerait plus au chemin de croix d’un Hank Moody à l’eau de rose. Entre 2001 et 2009, l’acteur enchaine dans cet ordre précis, Un mariage trop parfait, Comment se faire larguer en 10 leçons, Playboy à saisir, puis Hanté par ses ex. Il n’invente rien, les titres de ses projets parlent d’eux-même. Si l’on peut comprendre la tentation de feindre des liaisons avec Jennifer Lopez, Kate Hudson, Jennifer Garner, ou Emma Stone, il était temps que cela s’arrête.

Des films à hauteur de talent

Après cet énième et dernier acte de perdition, McConaughey décida, par la grâce des dieux, de se réveiller de son coma artistique. Comme toute rédemption, le parcours fût progressif. Le texan acte son retour dans la cour des grands, avec le premier long de Brad Furman. Dans La Défense Lincoln (2011), McConaughey joue un avocat isolé et talentueux, orateur d’exception à la morale progressivement séduisante. L’interprétation millimétrée marque le tournant de sa nouvelle carrière. Depuis, pas moins de 7 films en 3 ans, aucun échec notoire, et les mastodontes du cinéma américain désormais à ses pieds. Steven Soderbergh, William Friedkin, Martin Scorsese : done. A venir, Christopher Nolan, Terrence Malick et Gus Van Sant. Son orientation vers un cinéma moins mainstream, plus profond et expérimental, lui offre des personnages sur mesure. Dans Killer Joe, il campe le rôle d’un inspecteur de police sans limite, tueur à gage à ses heures perdues, doté d’un sang froid glacial et emprunt de relents pervers. Dans le Mud du fils spirituel de Terrence Malick, Jeff Nichols, il interprète cette fois un homme en cavale, réfugié sur une île du Mississippi, prêt à tout pour retrouver l’amour de sa vie. Dans la lignée de ces personnages de composition, son salut trouve un point d’orgue : The Dallas Buyers Club.

221514 McConaughey, étincelant dans Dallas Buyers Club

Le réalisateur canadien Jean-Marc Vallée lui offre le rôle de sa vie. Qui de mieux pour jouer un cowboy macho je-m’en-foutiste, homophobe torturé, obligé par la force des choses de détourner son destin, de ne pas se laisser disparaitre. Une interprétation (il a perdu près de 25 kg) qui lui vaut sa présence dans la shortlist des nominés aux Oscars 2014. Il se disputera la récompense avec Leonardo DiCaprio pour The Wolf of Wall Street, dans lequel le texan tient un rôle charismatique bien que secondaire. Si on ne le voit que le temps de quelques scènes, il donne à son personnage, mentor déjanté de DiCaprio, une envergure incommensurable. A cette occasion, il offre au spectateur le dialogue le plus jouissif du film de Scorsese, via une improvisation qui laissa le cinéaste bouche bée. Au petit écran également, il démontre depuis peu ses aptitudes de transformation physique et son instinct d’acteur éblouissant. Dans sa série True Detective, actuellement diffusée sur HBO, il se métamorphose pour livrer une prestation habile de longue haleine, dont les efforts pourraient se voir gratifier de plusieurs saisons de haute qualité.

Désormais au sommet, McConaughey n’a plus qu’à s’y installer pour durer. Son talent et ses choix de carrière récents sont de bon augure. Son parcours l’arme aujourd’hui d’une certaine clairvoyance, et nul doute que le texan à conscience qu’on ne se relève pas deux fois aussi rapidement de l’abime hollywoodien.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=YZvd_XG6RZQ?list=PLMJaEqlOcLAIYVKVjbKLFK59mncedpmJJ]


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