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Matérialité de l’invisible, l’archéologie des sens au 104 : exposition des merveilles

19 février 2016, par Untitled Magazine

Le 104 nous offre, jusqu'au 8 mai 2016, un projet pluridisciplinaire à la frontière des recherches scientifiques et de l’exploration artistique.

L’équipe de l’INRAP (L'Institut national de recherches archéologiques préventives) s’est associée au centre artistique pour offrir une frange des mystères de la nature, de l’homme. A l’heure où la question anthropocène est au cœur des débats scientifiques, cette exposition illustre combien les secrets du monde encore inconnu qui nous entoure sont bien gardés.

Ronny Trocker_Estate (Summer)©Ronny Trocker(2) Ronny Trocker Estate (Summer) combine photo, vidéo et son Photo : Ronny Trocker

Agapanthe (le duo d’artiste Konné & Mulliez) reprennent, dans deux installations, les thématiques de l’agro-alimentaire (exploité autour du sucre), de la consommation et du vestige. Au centre d'une petite salle ressemblant à une réserve, trône, un réseau de blocs de sucre. Ces blocs sont éprouvés par l’eau, par un système de fines canalisations, provoquant leur dissolution progressive. Ce dispositif amène le visiteur à penser les notions de temps, celles des processus de découvertes et de la fugacité de notre environnement. Le collectif présente également une série d’oeuvres où emballages, déchets et fragments du quotidien sont cristallisés (par le sucre encore). Donnant un caractère minéral, presque précieux à ces ordures que nous produisons en masse, Agapanthe questionne la place de l’objet et nous pousse dans un futur lointain où l’archéologie et l’archivage se feront à partir de ce que nous laissons aujourd’hui derrière nous.

Plus loin, dans un espace sombre, les œuvres de Hicham Berrada prennent sens dans une majesté pénétrante. Une plante aux reflets violines, sous verre, humidifie l’air et le remplit d’un parfum chaud et doux. L’artiste a inversé le rythme circadien (processus biologique s’étalant sur 24 heures) du Cestreau nocturne (Cestrum nocturnum), une plante qui fleurit seulement la nuit. Il permet ainsi au spectateur de voir, le jour, ce qu'il se passe quand le soleil se couche. Hicham Berrada se place en « régisseur d’énergie ». Appellation qui prend tout son sens lorsque, dans le deuxième temps de son installation. Dans un film retraçant les évolutions chimiques éprouvées sur différents matériaux il nous plonge dans un minuscule monde insoupçonné. Le visiteur assiste alors à un ballet agité où les particules tourbillonnent, s’agitent, se transforment.

Hicham Berrada Mesk-ellil 2015/ Installation. Ensemble de 7 terrarium en verre teinté, cestrum nocturnum, éclairages horticoles, éclairages clair de lune, temporisateur / 250 x 200 x 50 cm chaque 250 x 500 x 500 cm ensemble Vue de l’exposition / « Paysages a circadiens », Photo : Fabrice Seixas Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris Hicham Berrada
Mesk-ellil 2015/ Installation. Ensemble de 7 terrarium en verre teinté, cestrum nocturnum, éclairages horticoles, éclairages clair de lune, temporisateur / 250 x 200 x 50 cm chaque
250 x 500 x 500 cm ensemble Vue de l’exposition /
« Paysages a circadiens »,
Photo : Fabrice Seixas Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris

Plus loin encore, l’œuvre d’Anish Kapoor, Ascension, est placée au cœur d’une spirale faite de cimaises lisses. Le visiteur déambule dans d’étroits couloirs incurvés pour atteindre le nœud de l’installation : un indéfinissable tourbillon d’air dansant dans une grâce incroyable, poussière délicate liant ciel et terre, rayon mouvant d’une force venue d’on ne sait où.

Anish Kapoor Ascension 2003-2015. techniques mixtes
. Courtesy de l’artiste et GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Les Moulins / Habana Photo : Oak Photo : Lorenzo Fiaschi Anish Kapoor, Ascension, 2003-2015. techniques mixtes
. Courtesy de l’artiste et GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Les Moulins / Habana, Photo : Oak, Photo : Lorenzo Fiaschi

Dans cette exposition puissante, se retrouve d’autres merveilles : une vidéo d’Ali Cherri, une de Nathalie Joffre, des installations de Miranda Creswell, de Ronny Trocker ou de Julie Ramage et d’étranges mécanismes, Les Imperceptibles, de Johann Le Guillerm.

Johann Le Guillerm-la jantabuee-©philippe cibille Johann Le Guillerm Les Imperceptibles 2015 Photo : Philippe Cibille

Bien que les salles d’expositions soient toujours aussi éparpillées, ne facilitant pas la promenade, les œuvres présentées sont d’une justesse, d’une poésie et d’une intelligence remarquable. La difficulté d’accès pourrait se transposer dans une déambulation voulue, où le visiteur passe inlassablement de l’ombre (les salles obscures) à la lumière, dans une métaphore parfaite du processus de découverte. Capter ces mouvements et ces phénomènes imperceptibles, découvrir ce que l’on n’imagine pas : un enchantement. Une réflexion sur les fascinantes capacités de compréhension encore bien loin de pouvoir tout enserrer, de tout comprendre mais qui permettent à l’homme d’assembler petit à petit les blocs du monde.




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