La voici l'exposition la plus attendue de la rentrée, celle dont tout le monde parle, l'événement : Magritte revient en France et y reste jusqu'au 23 janvier 2017, sur les murs du centre Pompidou. Accrochez-vous et ouvrez l'œil, le voyage va être intense !
Magritte est un peintre Belge que la philosophie passionne. Associé au surréalisme, il s'intéresse à une forme de représentation différente de celle de Dali. L'espagnol s'attaque au psychisme et aux associations d'idées inconscientes. Les premiers temps, Magritte participe aux nouvelles recherches surréalistes, pour se tourner rapidement vers les questions de représentation. Il étudie le fait que l'image est totalement différente de ce qu'elle représente. La perception d'une pipe ne fait pas du tableau la pipe - on se souvient de cette fameuse démonstration avec l'oeuvre Ceci n'est pas une pipe. Ce tableau a d'ailleurs été le lieu d'échanges privilégiés entre Magritte et le philosophe Michel Foucault. La transcription de l'objet est certainement la problématique que l'on associe le plus fréquemment au peintre Belge. Pourtant, l'exposition nous dévoile que Magritte, sous les airs de petit bourgeois malheureux qu'il aimait prendre, était un homme de réflexion. Il interrogea dans ses peintures le mythe de la caverne de Platon, les proportions que prennent les corps dessinés, les désirs, la signification des mots, la dialectique... Il faisait se rencontrer au cœur de ces sujets traités, les objets censés retranscrire le réel.
Magritte, une empreinte historique
L'exposition fait sans cesse lien avec l'histoire de l'art, mettant en parallèle à chaque salle, un tableau classique (Attribuée à Michiel Coxcie : La grotte de Platon, Jean-Baptiste Regnault, Juan de Zurbarán, Anonyme d’après Nicolas Poussin Le veau d’or, Angelika Kauffmann). Juste place de l'artiste au sein de la chronologie, Magritte s'inscrit dans la lignée historique. En plus d'être un monument de l'histoire de l'art, il se révèle être un élément fondamental de la création actuelle. Il fait partie des premiers à avoir pensé le monde en peinture, à avoir interrogé l'art pour ce qu'il était : un ensemble de couleurs et de formes créant l'illusion du réel. Il a placé sa propre représentation du monde au cœur de ses sujets, et s'est engagé à défendre la dignité intellectuelle de sa production. Et ces combats n'ont pas mené à rien. Ils ont abouti à ce que l'art traduit aujourd'hui : une réflexion. Les artistes sont désormais des penseurs, des penseurs du sensible, et Magritte y est pour quelque chose !
On vous l'accorde, l'exposition a ses démons : un peu courte (5 salles), la police choisie pour communiquer les passages historiques est illisible et l'œuvre de Magritte reste un peu difficile d'accès, mais objectivement, le jeu en vaut véritablement la chandelle !
René Magritte, La trahison des images, 1929, © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 2016
René Magritte, Le blanc-seing, 1965, © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 2016
René Magritte, Le Viol, 1945, © ADAGP, Paris 2016
René Magritte, Le Double Secret, 1927 © ADAGP, Paris 2016
René Magritte, Les merveilles de la nature, 1953, © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 2016
