Librement Inspiré de plusieurs textes de Camus, Loin des hommes met en scène Viggo Mortensen et Reda Kateb dans une Algérie tourmentée par la colonisation française. Le nouveau film de David Oelhoffen traverse les montagnes de l'Atlas saharien pour y évoquer le voyage de ces deux hommes en quête de liberté. Un film profond mené par deux performances puissantes.
Synopsis : 1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au cœur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.
Loin des hommes est une libre adaptation de «l’hôte» de Camus, et des «Chroniques algériennes» du même auteur. Si les personnages sont empruntés à la première nouvelle, le contexte d’une Algérie colonisée, servant de décor au film, est puisé dans le texte visionnaire et alarmant datant de 1930. Afin de créer un univers singulier et s’approprier les personnages créés par l’écrivain français, David Oelhoffen s’est éloigné d’une retranscription fidèle des textes de référence. Le réalisateur n’a pas conservé le titre de la nouvelle, et a pris soin de complexifier les personnages et leur histoire. Sur le plan sonore, pas de musique algérienne de l’époque, mais des compositions de Nick Cave et Warren Ellis en renfort d’une dimension western déjà présente visuellement.
Plongés au coeur des monts somptueux de l’Atlas saharien, Reda Kateb et Viggo Mortensen (en français s'il vous plait) délivrent chacun, et ensemble, une performance qui confirme tout le talent que le grand public et les cinéphiles leur attribuent. Sobres, tout en retenu, les interprètes de Mohamed et Daru incarnent les douleurs et incompréhensions de l’époque, tout en injectant à leur personnage une dimension moderne.
Fiction intemporelle, œuvre documentée, Loin des hommes n’a jamais aussi bien porté son nom que lorsque les actes des hommes dépassent l'entendement, que l’humanité laisse place au comportement de survie. Le film de David Oelhoffen montre les contradictions que doit supporter l’Homme lorsque sa condition est écrasée par le poids de l’instinct. Et nous offre au fil du voyage des deux hommes, quelques scènes somptueuses où les regards lourds sont souvent les plus significatifs.