Little Fictions donne suite au seul et unique EP du groupe britannique Elbow, Lost Worker Bee. Avec un tel titre il y a deux ans, nous nous attendions à un septième album perfectionniste et perfectionné de la part des quatre musiciens. Or, si ce dernier se révèle très agréable, il n'est certes pas transcendant.
Expérimentation et déclassement
Avec le départ du batteur Richard Jupp, la rythmique du groupe a changé, mais pas que. Tout d'abord, les quatre membres restants jouent désormais sur des boucles ce qui, au choix, paraîtra osé ou culotté pour une formation de rock. De plus, le quartette semble expérimenter de nouveaux styles musicaux. Bien sûr, cela est tout à l'honneur des membres que de faire de la place au violon dans le titre "Magnificient", de se rapprocher du rythme reggae avec "Trust the Sun" — bien que noyé avec un piano et une guitare — voire de flirter avec des sons plus urbains dans "Little Fictions" grâce à des beats profonds. Seul hic : Elbow n'a plus de rock que son passé. Si le groupe nous avait habitué aux expérimentations dans ses derniers albums (avec le titre "Honey Sun" en 2014 notamment), on a cette fois beau chercher, seuls les morceaux "All Disco" et "Head for Supplies" pourrait rentrer dans la catégorie rock, mais en tant que balades. Bien sûr, Guy Garvey et ses amis nous ont souvent habitué à des partitions douces. Mais pour ceux qui ne les connaissaient pas auparavant, Little Fictions fait d'Elbow un groupe pop.
https://www.youtube.com/watch?v=XQl5KYiiFDILe salut d'un album hétéroclite
En réinventant sa rythmique grâce à des boucles et en mélangeant tous les styles musicaux qui leur passaient sous la main, Elbow a tout de même réussi à faire un album peu commun à la musicalité optimiste. Les styles s'y mélangent et nous perdent certes un peu, mais rendent l'opus unique en son genre. Little Fictions a donc le mérite de bien porter son titre, puisque chaque morceau nous entraine dans un univers totalement différent et indépendant des neuf autres titres. Il se termine sur ce qui est certainement le meilleur titre de l'album, ou le moins déroutant, "Kindling". Si les habitués du groupe risquent de s'y perdre, une telle ouverture musicale pourra certainement attirer un nouveau public. C'est du moins ce que l'on souhaite aux quatre garçons, amputés de leur batteur.
Il nous faudra donc un peu de temps pour apprécier cet album innovant et sympathique à l'oreille, mais bien éloigné de l'univers elbowien original.