Lionel Prado est un jeune photographe passionné par l'aventure. Après une première immersion dans le parc du Mercantour, il a décidé de renouveler l'expérience au Manaslu, une région reculée en plein cœur de l'Himalaya. "Un nouveau souffle" illustre son voyage à travers différentes lumières.
Pourquoi avoir choisi le Népal ?
Lionel Prado : En débutant la photographie, j'ai développé au fil des années un fort attrait pour le milieu alpin dans les alpes du sud. Aujourd'hui j'ai voulu approcher de nouvelles montagnes emblématiques : la chaîne de l'Himalaya. Les populations reculées y vivent encore pleinement connectées à la nature. Ils cultivent la terre avec des procédés ancestraux, on est donc loin de l'industrialisation de masse. Le penchant spirituel de cette civilisation est également passionnant. La mort est dans la conscience de chacun, elle fait parti du processus de la vie et est acceptée. C'est différent de l'occident où la mort est généralement cachée.
A quel moment êtes-vous parti là-bas ?
Dans quelle optique vouliez-vous prendre des photos ?
Lionel Prado : Ayant grandi dans un village du sud de la France, je suis depuis toujours sensible à la nature et à présent je veux illustrer un équilibre entre l’homme et la nature. Une harmonie. Ce qui se caractérise par trois axes principaux : Montrer des scènes de nature à travers de l'esthétisme pur pour mieux sensibiliser à cette richesse qui est parfois tout près de chez nous. Je m'isole généralement pour travailler des ambiances de nature sans trace humaine. C'est un travail purement contemplatif et esthétique. L'alimentation et la manière de se nourrir : aller à la rencontre de populations qui vivent dans la sobriété et qui savent s’accorder avec la nature qui les entoure, c’est une façon de vivre que je trouve inspirante. La cohabitation entre l'homme et les grands prédateurs : l'élevage est souvent en conflit avec les grands prédateurs. On peut le voir avec le loup qui est revenu en France des pays où il n'avait pas été exterminé. C'est un sujet qui me passionne, la confrontation entre l'homme et le sauvage qui refait surface.
Quelles ont été vos impressions ?
Avez-vous des anecdotes ?
Lionel Prado : Oui j'en ai plusieurs comme celle des vautours. Un jour un petit yack venait de naître et les vautours attendaient une mort éventuelle. La vie est fragile dans ces montagnes et les vautours le savent. Ce sont des scènes fortes où les êtres luttent en permanence. Le partage d'un repas, un soir avec Comari (habitante de Jagat, petit village traversé le troisième jour de trek). Cette simplicité et ces valeurs fortes, ça marque. Et puis l'altitude, à 5100 mètres. La cage thoracique s'écrase avec l'altitude. Au delà de 3500 mètres, il faut prendre le temps de s'acclimater à ces hauteurs afin d'éviter des complications liées à l'altitude. Ce sont 500 mètres de dénivelés par jour max. Tout est au ralenti. Se déplacer avec un sac qui frôle la vingtaine de kilos est un effort de chaque instant.
QUELLE SERAIT LA PROCHAINE DESTINATION ?
Lionel Prado : Un reportage d'un mois au Cachemire. Ce sera l'occasion d'approfondir un peu plus mes recherches sur le léopard des neiges. Animal mystique que l'on on ne voit jamais. En parallèle, je continue mon travail sur les Alpes du sud où je passe pas mal de temps sur le terrain pour un projet consacré au loup.Introspection, c'est le nom d'un court métrage que j'ai réalisé dans le Mercantour avec une jeune équipe de Nice. Il est axé sur la recherche de soi et l'émancipation, sujets qui me tiennent à cœur. La sortie du film est prévue pour 2017 sur le web.