Une jeune femme enceinte, un moine grec orthodoxe, un joueur de luth arménien et un vagabond perse. Voilà les personnages mystérieux qui vont faire l’intrigue de ce roman. L’histoire s’articule autour de Nathan, un vieil ermite copte vivant, perdu dans le désert d’Egypte.
Ce carrefour, qu’est la maison de Nathan, est le lieu de toutes les rencontres. Les protagonistes sont, tous, à la recherche d’une caravane mythique de Samarcande qui devrait passer par là pour se rendre à Alexandrie. Mais elle est, aussi, le lieu symbolique des cultures et des peuples qui s’y croisent. Si le cadre reste intemporel et idyllique, les combats mentionnés sont de toutes les époques. Ils passeront dix jours ensemble, racontant l’histoire de leur vie et partageant des contes pour passer l’attente de cette mystérieuse caravane. Ce roman retrace les contes de vie remplis de leurs drames, leurs joies, leurs terreurs et leurs interrogations. Toutes ces histoires s’emboitent les unes dans les autres, sans aucun hasard. Arabes et Chrétiens, Juifs et Turcs, se croisent lors de cette trêve permise par la narration. Ainsi : Adour est-il le fils d’un luthier juif dans le ghetto d’Erevan en Arménie, Kabir l’aveugle finit-il par renoncer à tuer Hilarion ?
Avec pour toile de fond les dunes et ce vaste désert, l’auteur dessine simultanément les conflits insensés et réels menés par notre condition humaine. Entre « Mille et Une nuits » et « Décamérion », le dernier roman d’Henri Gougaud se révèle être une pierre philosophale. Mêlant désert, lieu de carrefour et d’errance, peuples et cultures, la parole partagée apparait comme étant le trésor le plus précieux au milieu de ce désert gigantesque.
Les voyageurs de l'aube, Henri Hougaud, Albin Michel, 19,50 euros