Quatre ans après le carton de sa mini série sur Canal +, Kyan Khojandi -alias le mec de Bref- revient sur les planches avec un nouveau spectacle intime et drôle.
Kyan Khojandi est à l'image de son personnage dans Bref : la trentaine décontract, un peu looser mais attachant, le copain qu'on aimerait tous avoir. Dans son nouveau spectacle, il livre ses pulsions de vie. Cette force qui nous pousse à accomplir des actions pour se libérer de nos tensions. Cet instinct animal que tout un chacun ressent. La pulsion sexuelle, la pulsion de faim, la pulsion d'amour... Et nous propose des solutions pour les contrôler : courir, manger des fruits ou se masturber. La masturbation, seule technique fiable pour rester fidèle en amour selon lui. On rit -sans malaise- de son imitation du mec qui se fait presque prendre par sa copine en plein milieu de la nuit en train de se toucher.
Toujours dans la légèreté, il nous apprend l'existence d'un petit chimiste qui manipule nos émotions dans notre tête, s'amusant à nous rendre très heureux ou très malheureux, n'hésitant pas à nous "pisser" dans le cerveau quand il ne sait plus quoi faire. C'est lui qui contrôle nos pulsions et nous récompense en nous libérant des endorphines. Celles-là mêmes qui nous rendaient imbécilement heureux 24h/24 quand nous étions gosses. "Je sais pourquoi on était tout le temps heureux quand on était enfant. Ben ouais c'est parce qu'on était tout le temps défoncé". Une preuve ? L'enfant qui fait du vélo. "C'est quand même le seul qui peut faire du vélo pendant huit heures sans jamais aller nulle part". Des observations intelligentes sur notre quotidien comme ces gens à la manie étrange de répéter leurs fins de phrases deux fois ou de se claquer les deux jambes avant de se lever de leurs chaises.
Crédit: André D
Puis vient le moment le plus touchant. L'hommage à son défunt père. Pour Kyan, il ne s'agit pas d'en pleurer, au contraire. Comme ce dernier, il veut continuer de (faire) rire, même dans les moments difficiles, et puiser dans ces trucs pas marrants l'essence même de son spectacle. Une pulsion de vie. "Des fois, tu parles à des gens, tu crois que c'est les bons gens mais c'est pas les bons gens" lui disait son père. La formule fait sourire, jusqu'à ce que l'on comprenne que "les bons gens qui ne sont pas les bons" ce sont en fait les amis de la famille qui se justifient de n'être jamais venus voir son père à l'hôpital : "On ne voulait pas garder un mauvais souvenir". Pour évacuer cette pulsion de violence il imagine alors un scénario d'enfer pour se venger, fait de wii-food, de trou sans fin et de trampoline. Un détour absurde et profondément hilarant.
Un texte percutant, co-écrit avec son compère de toujours Navo (Bruno Muschio) plein de vie et de sincérité. Et un plaisir (et quel plaisir!) de retrouver un talentueux comédien. Kyan Khojandi performe dans cette facilité à raconter les choses, enrobées d'une bienveillance palpable. Et où chacune de ses histoires prend vie sous ses mimiques. Une pulsion de bonheur et de légèreté.
Bref, foncez !