Le passé bouleverse le présent et le futur d'une famille dans le nouveau film Asghar Farhadi.
Des rumeurs annonçaient, à quelques heures de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, dimanche dernier, que Le Passé d'Asghar Farhadi remporterait la Palme d'Or. Or ce ne fut pas le cas, le prix a été attribué au film 'La vie d'Adèle'. Cependant, Bérénice Bejo, vedette de cette production, a remporté le prix pour meilleure actrice.
Après le succès du film "Une séparation", le réalisateur iranien Asghar Farhadi revient avec Le Passé, un film en compétition au festival de Cannes 2013. C'est un trio bouleversant qui est mis en scène : Bérénice Bejo, Tahar Rahim et Ali Mosaffa.
Le scénario parle d'une famille rongée par un passé qui refait soudainement surface. Les secrets bien enfouis resurgissent après avoir été tus. C'est un film entouré de tensions et de non-dits dans lequel le spectateur est conscient qu'un petit détail peut provoquer une série de dommages. Entre ses tensions, ses révélations, ses vérités et ses mensonges, la famille est donc mise à l'épreuve et doit faire face au présent pour oublier le passé.
Bérénice Béjo, Tahar Rahim et Ali Mossafa
L'histoire est simple. Marie (Bérénice Béjo) est mère de deux filles, son ex mari Ahmad (Ali Mosafa) vient à Paris pour régler les formalités de leur divorce. Marie souhaite en finir avec cette situation car elle est en couple et enceinte de son nouvel partenaire. Mais elle vit une relation conflictuelle avec sa fille (Pauline Burlet) qui est en pleine crise d'adolescence. Son ex-mari arrive alors et découvre une famille au bord de la crise de nerfs. Il tente de gérer cette crise tout en essayant d'améliorer la relation entre la mère et la fille. Le compagnon de Marie (Tahar Rahim) doit, lui, s'occuper de sa femme qui est dans le coma. Un personnage qui se fera rare, mais qui bouleversera.
Chaque personnage va alors rechercher la vérité du passé mais surtout tous les secrets présents qui les implosent les uns et les autres. Le réalisateur veut nous faire comprendre que le passé doit être baladé mais qu'il est aussi important de l'élucider. Asghar Farhadi nous montre aussi que le silence ronge le présent et que pour dévoiler le passé il faut savoir briser ce silence.
Le Passé fonctionne moins bien que le remarquable film Une séparation. Bérénice Bejo est beaucoup moins sublimée par la patte d'Asghar Farhadi. Durant le film, on s'intéresse beaucoup plus à l'absente, la femme restée dans le coma. Cette femme est omniprésente dans toutes les vies, tous les esprits, toutes les conversations. Son absence est paradoxalement étouffante. Le scénario nous tient jusqu'au moment où l'on découvre ce secret, le fil conducteur du film. Mais une fois le secret dévoilé, on lâche prise. Le secret est peut être révélé beaucoup trop tôt, et la trame qui suit (qui paraît rallongée de force) n'est pas suffisamment forte pour nous envelopper jusqu'à la fin du film.
On reste tout de même dans la continuité de l'oeuvre d'Asghar Farhadi : un cinéma du doute, où chaque personnage détient sa propre vérité. Dans l'oeuvre de Farhadi, tout est toujours complexe, rien n'est jamais certain ...
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