Immédiatement immergé dans le noir complet d'une des salles du sous-sol du théâtre Montparnasse, le public prend place. L'ambiance est digne d'un polar. On distingue à peine deux silhouettes d'hommes étendues sur des lits. Un clapotis d'eau résonne, puis la lumière d'un néon blafard s'allume. Sur scène, c'est bien deux cinquantenaires, allongés sur des vieux lits de camps. L'un regarde au plafond, l'autre nettoie son arme. Deux hommes lambdas quoiqu'un peu âgés, Gus et Ben.
Dans une atmosphère oppressante et singulière, on assiste à des discussions communes. Dit-on : chauffer ou faire la bouilloire ? Grand débat qui anime les deux individus, jusqu'à l'arrivé - dans un étourdissant éclat - d'un monte-plats suspect. Alors la pièce semble démarrer et l'absurdité prendre place. Les allers-retours du monte-plats s'enchaînent, embarquant avec lui, comédiens et spectateurs.
Amateur de théâtre absurde vous serez servis, peut être un peu trop ... La où dans En attendant Godot, Beckett ne nous perd pas la main, Christophe Grand (metteur en scène) la lâche. Sous fond de discussion absurde et incohérente, il n'en reste pas moins une bonne demi-heure d'attente, d'un spectateur passif qui se demande justement ce qu'il peut bien attendre. Et quand s'enchaîne enfin situations et évènements incongrus, la sauce semble être déjà tombé.
Derrière un décor, une atmosphère, propice à l'intrigue et aux rebondissements, Le monte-plats ne surprend guère. Et ce ne sont pas les comédiens, souvent brouillons et inconvenants - sur laquelle repose la majeure partie de la pièce - qui favorise l'enchantement. Prometteur mais imparfait.
Le monte-plats de Harold Pinter – Mise en scène Christophe GAND THEATRE DE POCHE MONTPARNASSE 75 Bd du Montparnasse 75006 PARIS du 10 NOVEMBRE 2015 AU 10 JANVIER 2016 DU MARDI AU SAMEDI à 19 H 00, le DIMANCHE A 17 H 30.