On ne le saura jamais, mais lorsqu’il meurt en 1849, à l’âge de 89 ans, c’est peut être plein de regrets. Hokusai, maître japonais de l’estampe, disait vouloir vivre centenaire pour continuer à améliorer son art et arriver au climax de son épanouissement. Du début de sa carrière, élève apprenti de 15 ans dans l'atelier du maître Katsukawa Shunsho (peintre d’estampes et spécialiste de portraits d’acteurs), à sa mort, il peindra, inventera et créera encore, laissant derrière lui plus de 30000 dessins. Malgré l’influence qu’il aura en Europe, l’impressionnante densité de son œuvre et la renommée qu’il aura gagné grâce à la passion et à la volonté qu’il mettait dans son travail, il dira sur son lit de mort : « Encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste ».
La rétrospective présentée au Grand Palais vaut le coup, tout simplement. D’abord pour le sujet même de l’exposition, l’œuvre d’Hokusai. Etalée sur deux étages, les dessins sous vitrine n’en finissent pas, aussi beaux les uns que les autres. Dans des tons pastels, jamais trop vifs, jamais trop absents, chacune des œuvres est un petit bijou de création, au traits délicats et aux sujets tantôt rigolos et un peu fous, tantôt vrais déclarations d’amour à la nature.
Il ne faut pas s’arrêter à la fameuse « grande vague de Kanagawa », titre qui vient automatiquement à la bouche de l’amateur d’art à qui l’on demande de citer une réalisation du maître. Celle-ci fait d’ailleurs parti d’un ensemble appelé « les Trente Six vues du mont Fuji » qui regroupe 46 estampes toutes plus belles les unes que les autres. A chaque période de l’œuvre d’Hokusai son petit bijou. Dans une des deux dernières salles notamment, un grand dragon, expressif à souhait, aux couleurs et aux traits parfaits. Beaucoup de ces dessins seront rendus définitivement aux musées japonais après ce passage à Paris, d’où l’abondance des œuvres, qui peut frapper le visiteur. Pour réussir son expo, ne pas hésiter à rester deux bonnes heures voir trois et à bien regarder et lire chaque explication.
Il faut ajouter au plaisir des yeux celui des sens, car évoluer dans un endroit tel que le Grand Palais est vraiment agréable. Noter l’installation numérique sur le gigantesque mur au bout des escaliers qui mènent à la seconde partie de l’exposition au 1er étage. Ne pas hésiter également à prendre à guide ou à louer les guides audio.
Enfin, elle est intéressante dans le sens, quasi primordial, qu’en 2015, il était temps de révéler à la modernité le génie qu’était Hokusai. Après tout, tout le monde en une vie ne peut pas se venter d’avoir inspiré Monet ou Gaugain, d’être la muse d’un mouvement artistique (le japonisme), d’être appelé « le Fou du dessin » et d’être considéré comme le père du manga… Rien que ça.
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Hokusaï
01 Octobre 2014 - 18 Janvier 2015 Grand Palais, Galeries nationales Accès Métro : lignes 1, 9, 13 / Stations : Franklin-D.-Roosevelt, Champs-Elysées-Clemenceau RER : lignes C / Stations : Invalides Bus : lignes 28, 42, 52, 63, 72, 73, 80, 83, 93Horaires Lundi : 10h - 20h Mercredi, jeudi, vendredi : 10h - 22h Samedi : 9h - 22h Dimanche : 9h - 20h Fermeture hebdomadaire le mardi